Rétrospective Doublage - Les VF de Lupin III (Edgar de la Cambriole) - 3ème Partie
Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans ce dossier qui n’était pas censé sortir aujourd’hui, mais le mois prochain. En effet, normalement, vous auriez dû avoir la 3e et dernière partie de ma série d’articles consacrés aux doublages de Crunchyroll. Malheureusement, les histoires autour du renvoi de Anna Lauzeray-Gishi, comédienne talentueuse, par la direction de Crunchyroll, suite à sa participation à un fandub de Chainsaw Man ont eu tôt fait d’aggraver brutalement la situation et les tensions qu’il pouvait y avoir entre les comédiens sur le sujet, notamment sur les réseaux sociaux. Ainsi, sachant que la façon d'aborder ce sujet pouvait évoluer à tout moment, ce qui rendait intenable d’écrire l’article, tel Lupin, je me suis faufilé à travers les pièges pour vous trouver un sujet de rechange qui ne vous décevrait pas, oh non, même s’il aura quand même tardé ! Et donc, pour aujourd’hui, je viens de me tendre une belle perche à moi-même quand même je vous parle, encore une nouvelle fois, des doublages de Lupin III, en évoquant cette fois les doublages réalisés par la société IDP Home Vidéo, ainsi que ceux effectués, durant la même période, par le distributeur Dybex, avec une équipe de comédiens assez différente. À ce sujet d’ailleurs, je ne peux que vous recommander de lire, si ce n’est pas déjà fait, le premier article consacré aux premiers doublages du Château de Cagliostro et du Secret de Mamo, ainsi que du second qui aborde la VF de la seconde série télévisée, baptisée chez nous Edgar Détective Cambrioleur, en traitant également des VF de Lupin III produites par Manga Vidéo. N'hésitez pas à le faire si vous vous sentez perdu dans la lecture, car je ne reviendrais pas sur tout ça puisque je l'ai déjà abordé en long en large et en travers. Tout cela étant dit, c’est donc l’heure, pour le bloody famous blogger que je suis, de reprendre du service.
I. IDP, ou le retour des doubleurs tant (in) attendu ?
Après le naufrage qu’a été la VF du téléfilm Lady Liberty, ainsi que la disparition de Manga Vidéo dans nos contrées, il aura fallu patienter 3 ans pour avoir de nouveau de l’inédit sur Lupin III, grâce à un petit éditeur vidéo, IDP, label fondé par nulle autre que Yves Huchez, le neveu de l’ancien patron d’IDDH. Ce dernier, pour l’occasion, se décide à acquérir les droits, auprès de TMS, de certains films de la franchise, à savoir les 4 premiers, ainsi que de 3 téléfilms, dont le second produit, Le Dictionnaire de Napoléon, et 2 autres beaucoup plus récents, datant des années 2000, à savoir First Contact et Opération Diamant. Son entreprise acquit également les droits vidéos de la 1re série télévisée, ainsi qu’une partie de la seconde série, celle déjà doublée par IDDH auparavant. Cela étant, mis à part cette dernière, tout le reste fut doublé en français pour l’occasion, voire redoubler dans le cas du Château de Cagliostro et du Secret de Mamo. Cependant, les ventes, bien que relativement correctes, ne suffiront pas à totalement amortir l’investissement dans le doublage, si bien que le projet de finir le doublage de la seconde série fut au final abandonné, en raison notamment du coût exorbitant lié aux nombres d’épisodes restants à doubler. D’autre part, en 2007, IDP, confronté à plusieurs soucis financiers, fut racheté par Déclic Images, avec un changement de dirigeant et de politique éditoriale, qui enterrera la politique de doublage sur Lupin. Ainsi, c’est cette même année que s’acheva les éditions DVD de cette franchise chez IDP avec la sortie du Dictionnaire de Napoléon et d’Opération Diamant, qui avaient été préalablement doublés avec tous les autres produits Lupin licenciés par la société.
En ce qui concerne ce doublage français justement, IDP a fait un choix radical en prenant les droits de la franchise et en la faisant doubler, à savoir celui de la nostalgie. Ne pouvant pas utiliser le nom de Lupin, étant donné que les ayant-droits de ce dernier bloque encore et toujours les droits, l’entreprise a décidé de reprendre le nom donné dans la seconde série télévisée, à savoir Edgar de la Cambriole. De fait, il décide donc de rappeler tout naturellement Philippe Ogouz, ainsi que Catherine Lafond pour l’occasion. Ces derniers recréèrent donc une équipe de doublage qui sera amené à doubler l’ensemble de ces productions pour IDP, en en profitant d’ailleurs, dans le cas de Philippe Ogouz, de s’octroyer la direction artistique de tous ces doublages, avec cela dit, une bonne direction des comédiens dans la globalité. En ce qui concerne l’adaptation française, elle a été réalisée par différentes personnes, à savoir Rosine Wortemann pour la 1re série animée ainsi que les films L’Or de Babylone et Le Complot du Clan Fuma, Tim Stevens pour Le Secret de Mamo, Ludovic Torreton pour le TV Spécial Épisode 0 - First Contact et Sabrina Boyer pour le TV Spécial Opération Diamant. Il est à noter cependant que les adaptateurs ne sont pas crédités pour le redoublage du Château de Cagliostro, ainsi que pour le TV Spécial Le Dictionnaire de Napoléon, ce qui est à la fois curieux et regrettable. Au-delà de ça, on peut toutefois noter un grand point où toutes ses adaptations se rejoignent, car, quels que soient leurs adaptateurs, elles ont fait le choix de rajouter des blagues, expressions et plaisanteries typiquement françaises, et ce, au détriment parfois de la fidélité au texte d’origine, comme c’est le cas sur le doublage de la 1re série notamment. On peut à la fois aimer comme détester ce choix très particulier qui fait que le doublage s’éloigne de la VO sans pour autant totalement le trahir, puisque cet humour existe déjà en soi dans la version originale et est juste « localisé » à destination du public ciblé. Une question d’appréciation donc, tout comme les modifications curieuses de certains passages qui viennent manifestement de Philippe Ogouz lui-même, et qui sont présentes notamment dans le film Le Secret de Mamo avec le passage de la rencontre avec Hitler qui a des dialogues assez éloignés de la VO. En ce qui concerne le studio d’enregistrement, il faut savoir que si les enregistrements des comédiens et le mixage se faisaient au studio Midisync, la société derrière ce doublage était le studio Charcot, qui servait donc d’intermédiaire entre Midisync et IDP. Dans tous les cas, ces sociétés ont fait du bon boulot, notamment pour superviser le tout, mention d’ailleurs toute particulière aux équipes chargées du mixage qui ont dû travailler à partir de VI parfois en mauvais état ou très datés, et qui ont pu en obtenir le meilleur, notamment en rajoutant les voix des comédiens sans que cela ne fasse tache. Enfin, on peut noter qu’une personne est créditée à la supervision de ces doublages, il s’agit d’Olivier Fallaix, journaliste spécialisé dans l’animation japonaise, dont c’est d’ailleurs l’un des derniers travaux pour IDP.
Tout cela étant dit, en ce qui concerne l’aspect technique de ce doublage, intéressons-nous aux comédiens, en commençant par le premier à savoir Philippe Ogouz de retour sur Lupin. On pouvait avoir des craintes le concernant, car s’il doublait très sérieusement Lupin dans la seconde série animée, il n’était pas en plus de cela directeur artistique en même temps, comme c’est le cas ici, et n’avait donc pas le plein contrôle sur sa façon de jouer, comme ça a été le cas notamment sur Ken Le Survivant, avec le résultat que l’on connaît. Cependant, ici, sur cette VF, il fait au final plutôt bien son travail, en restant fidèle jusqu’au bout au personnage tout en gardant quasiment le même timbre de voix que sur le doublage de la seconde série, et ce, malgré les quelques dérives déjà évoquées, qui pourraient venir soit de l’adaptateur, soit de lui-même. En ce qui concerne Magali/Fujiko, comme je le disais, Catherine Lafond reprend son rôle et clairement, on sent qu’elle est particulièrement à l’aise sur son personnage comme à l’époque. Pas grand-chose à dire sur sa prestation, excellente par ailleurs, si ce n’est que ses interactions avec Philippe Ogouz sont souvent très savoureuses, notamment sur l’épisode 1 de la première série où ce cher Edgar arrive un petit peu trop tard selon Magali, bien qu’il se demande s’il n’est pas arriver un petit peu trop tôt. Cela étant dit, parlons des petits nouveaux choisis par Ogouz sur les autres personnages, en commençant par le meilleur personnage de la série objectivement Daisuke Jigen, qui conserve son nom VO cette fois-ci, contrairement au doublage de 1985. Pour remplacer le regretté Francis Lax, qui était plutôt bon dans le rôle, Ogouz a choisi un comédien à l’opposé vocalement de son prédécesseur, à savoir Philippe Peythieu. Et la surprise fut de taille. Car non seulement sa voix est très différente, mais il offre surtout une excellente prestation sur Jigen, le tout en trouvant son propre ton dans la voix, qui ne se rapproche, certes, pas de Lax, mais qui a le mérite d’être tout à fait cohérent avec le personnage. Une belle proposition de sa part, qui fait d’ailleurs de lui l’un des comédiens français les plus appréciés sur Jigen par les fans, à raison selon moi. En ce qui concerne Goemon et l’inspecteur Lacogne/Zenigata, au contraire du doublage d’IDDH, nous avons cette fois droit à deux comédiens différents. Le rôle de Goemon (qui n’est plus appelé Yokitori merci IDP !!!) a été attribué à Jean Barney, connu notamment pour être la voix française régulière de l’acteur Jonathan Kimble Simmons. Son interprétation surprend, tant qu’elle se rapproche, à certaines occasions, de celle du regretté Jacques Ferrière. Cela dit, nous ne sommes pas dans le cas d’une imitation sans saveur, puisqu’il arrive malgré tout à trouver son propre ton sur ce Goemon assez différent de celui de la seconde série animée, puisqu’il rencontre ici, pour la 1re fois, Edgar même si c’est reboot dans l’OAV First Contact, mais tranquille, c’est normal. Enfin, en ce qui concerne l’inspecteur Lacogne/Zenigata, il est interprété par Patrick Messe, comédien connu pour être la voix régulière de Robbie Coltrane, notamment sur la saga Harry Potter. Si je le trouve un poil moins bon sur le rôle que Jacques Ferrière, la faute au fait qu’il se rapproche pas mal de son prédécesseur, il reste globalement bon sur le rôle tout du long. Un bon choix sans grande folie donc. Enfin, et c’est le gros point noir de ce doublage à mon sens, c’est la présence d’Agnès Gribe, comédienne talentueuse (en plus d’être la femme de Philippe Ogouz, mais là n’est pas la question), mais qui se retrouve à interpréter quasiment tous les personnages féminins secondaires, ainsi que d’autres personnages plus importants sans que ce soit toujours très heureux, je pense notamment à Clarisse dans le redoublage du Château de Cagliostro. Cela étant, pour contrebalancer cela, il y a parfois quelques comédiens « guests » qui sont invités de temps à autre, je pense notamment à Jacques Frantz et Michel Clainchy sur ce même film, où il interprète respectivement le comte de Cagliostro et Jodor. On peut citer également Edgar Givry et Fabrice Josso sur le TV spécial First Contact, Bernard Soufflet sur le film Le Complot du Clan Fuma, et pleins d’autres encore…
Bref, ce doublage IDP, en dépit de choix assez particuliers dans l’adaptation qui n’ont pas manqué de faire débat, ainsi que certaines restrictions de budgets, réussit au final, artistiquement, à bien tenir la route. La réussite est à mettre, pour une fois, au mérite de Philippe Ogouz et de toute son équipe qui ont su proposer des interprétations de qualités sur leurs personnages respectifs, tout comme en profiter pour prendre quelque libertés qui, la majorité du temps, reste cohérente avec l’œuvre d’origine, le tout accompagné d’excellents comédiens supplémentaires de temps en temps, même s’il avait valu qu’IDP donne plus de budgets en la matière. Quoiqu’il en soit, ce doublage a très vite marqué beaucoup de personnes, et ce, malgré les faibles ventes DVD, si bien qu’il semblait quasiment impensable, lorsqu’on apprit que Dybex avait acquis les droits d’autres produits de la franchise, de la faire doubler par une autre équipe. Et pourtant ! Car malgré la proposition d’IDP de faire un partenariat, Dybex décida de faire non seulement cavalier seul, mais aussi d’appeler une autre société de doublage et d’autres comédiens pour doubler leurs acquisitions, et c’est de ça que nous allons parler à présent !
II. Dybex, un doublage si médiocre ?
Malheureusement, que ce soit les coffrets intégrales ou les unitaires contenant 2 téléfilms/films chacun, ces DVD sont désormais quasi introuvables… |
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