Rétrospective Doublage - Les VF de Lupin III (Edgar de la Cambriole) - 2nde Partie

 

 Bonjour à tous et à toutes pour ce tout nouvel article qui sent peut-être pour certains d’entrevous un peu le réchauffé puisqu'on reste ce mois-ci encore dans les franchises de TMS Entertainment, et pour parler d'une franchise qu'on a déjà en plus traité auparavant. Eh oui, cet écrit, enfin c'est un peu vite dit vu l'effort et la passion que j'y mets (modestie, tout ça, tout ça...) est la suite directe du précédent que j'avais rédigé il y a déjà quelques mois à propos des premiers doublages des films Lupin III, et que vous pouvez donc retrouver ici si vous ne l'avez pas déjà lu auparavant. 

 Aujourd'hui donc, nous continuons notre petite rétrospective des différents doublages français de ce cambrioleur bien connu désormais de vous en nous attaquant cette fois-ci au doublage de la seconde série, que les plus vieux connaissent certainement s’ils se rappellent de sa diffusion sur FR3, ainsi que celui des sorties vidéos en VHS puis en DVD chez Manga Vidéo. Vous êtes prêt ? Dans ce cas, commençons sans plus tarder, voulez-vous ?

I. Edgar Détective Cambrioleur, un doublage sans dérapage ?

 Nous voici retournés en 1984. Après la sortie de la VHS Vidocq contre Cagliostro, une certaine personne s’intéressa de près à la franchise. Cet homme, c’était Bruno-René Huchez, PDG d’IDDH, une société distributrice (et plus tard créatrice) de dessins animés. Celle-ci n’était pas inconnue ni des spectateurs et encore des diffuseurs : Capitaine Flam, L’Ile au Trésor et Cobra, c’était eux. Débarrassé de la collaboration de Pictural Films et de Jacques Canestrier, BRH (c’est ainsi qu’on le surnommait) s’était mis à travailler avec les studios japonais Toei Animation et Tokyo Movie Shinsha (TMS) pour exporter leurs productions en dehors du Japon et notamment en France. En cela, la seconde série Lupin III de 1977 n’était qu’un « dessin animé japonais » parmi d'autres qu’ils acquéraient. Néanmoins, comme pour Adès Vidéo, et en raison de l’affaire Lupin VIII évoquée précédemment, IDDH a eu l’obligation de changer le nom du personnage pour des raisons de droit. Dès lors, plutôt que de reprendre le même nom que celui du film Cagliostro, BRH a plutôt eu l’idée, comme il a eu sur Albator, de renommer son personnage, Lupin III, en Edgar de la Cambriole, un nom créer de toute pièce par lui. Ainsi, par cette manœuvre habile, non seulement il a pu satisfaire les ayant droits japonais, mais en plus, par le dépôt du nom, il pu toucher des revenus sur son utilisation, ce qui lui pouvait être très bénéfique, notamment en cas de réalisation de produits dérivés. D’autre part, afin de permettre à la série de cibler un public jeunesse, BRH effectua différents choix afin de correspondre à cette tranche d’âge. Quelques coupes furent effectuées sur certains épisodes, notamment sur les scènes particulièrement violentes, et certains autres personnages de l’œuvre sont renommés, pas toujours de manière stable d’ailleurs, nous y reviendrons. Quoiqu’il en soit, la série, renommée pour l’occasion « Edgar, le Détective Cambrioleur » depuis quand il est détective, Lupin, c’est quoi ce titre !!!, fut diffusé à partir du 12 septembre 1985 sur FR3, avec un générique français crée pour l’occasion, avec des noms du personnel d’IDDH crédité au lieu des créateurs japonais bien évidemment, mais aussi une petite chanson éditée par le label musical de BRH, Narcisse X4, qui est interprété par la chanteuse Liliane Davis. L’audience est plutôt bonne, mais pas suffisante pour nécessiter de doubler la suite. Ainsi, sur les 155 épisodes de la série, seulement 52 seront doublés. Bien sûr, la série sera régulièrement rediffusée, de FR3 à Game One, en passant par M6, Mangas et AB1 (sachant que l’ensemble du catalogue d’IDDH niveau dessin animé fut racheté par AB au début des années 90). Mais, toute cette petite histoire étant dite, quand est-il de son doublage ? 

 Edgar, Le Détective Cambrioleur oui ce titre n’a vraiment aucun sens n’a été doublé à la… SOFI.

- Ah, mais la SOFI, c’est les doublages de Ken Le Survivant, Dragon Ball, Nicky Larson, Saint Seiya, c’était quand même n’importe quoi là-bas, je suis sûre que ce sera pareil pour Lupin.

- Alors oui et non.

- Comment ?!!!

- Laisse-moi t’expliquer… 

 Déjà, il faut savoir qu’on ne sait pas vraiment qui a dirigé cette série et encore moins qui a adapté les différents épisodes. Pour la direction artistique, il s’agirait probablement de Jacques Ferrière, qui interprète plusieurs personnages dans la série (nous y reviendrons), mais qui est cité à plusieurs reprises dans de rares articles et sur certains forums comme le directeur artistique de ce doublage, sans qu’aucune info ne vienne accréditer totalement cette affirmation, c’est donc une info à prendre avec d’importantes pincettes que ce soit ici ou si vous l’entendez à l’avenir. Pour l’adaptation, bien que le ou leurs noms soient inconnues, une évidence saute aux yeux, c’est qu’il y a plusieurs personnes qui s’en sont chargées pour les 52 épisodes et ça se remarque, car manifestement, ils ne se sont pas mis d’accord concernant sur les noms français, à l’exception d’Edgar (Lupin III), Magali (Fujiko Mime) et de l’inspecteur Lacogne (Inspecteur Zenigata). Tiens, justement, parlons-en de ces changements de noms sur les personnages. En effet, en fonction des épisodes, Jigen et Goemon conservent leurs noms VO, ou obtiennent des noms FR plus ou moins régulier : Auguste ou Isidore pour Jigen, Yokitori pour Goemon, bien que ce nom est souvent écorché en fonction des épisodes par les comédiens. Ce point mis à part ou l’adaptation ne se décide pas entre noms VO et VF, elle reste de plutôt bonne facture, surtout pour l’époque. Mais parlons des comédiens qui sont pour la plupart des nouveaux sur la franchise, sont-ils aussi aussi sur la série que sur les films qui les ont précédés ?

 Commençons par Edgar, alias Lupin III, doublé par... Philippe Ogouz ! Eh oui, après le film Cagliostro, il est de retour sur le personnage pour notre plus grand plaisir et le malheur de ces détracteurs. La série étant plus délirante et humoristique que le film réalisé précédemment par Miyazaki, Ogouz se lâche totalement sur le personnage, sans pour autant trahir l’œuvre d’origine comme il en aura tristement l’habitude par la suite lorsqu’il travaillera sur les doublages d’animés distribués par AB. En tout cas, il est aussi bon, à mon sens, que son homologue seiyū Yasuo Yamada voire même parfois de temps à autre, un peu plus dans l’énergie, ce qui n’est pas désagréable, bien au contraire. Pour Auguste Isidore Jigen on va supposer que c’est son nom complet pour la cohérence, il est doublé une nouvelle fois par un comédien de renom, non par Gérard Hernandez, mais nul autre que Francis Lax. Son intonation est assez différente de tous les autres comédiens français qui l’ont interprété, mais aussi de la VO, mais elle n’est pas moins inintéressante. Au contraire, puisque ce comédien trouve le bon ton pour le personnage, en lui donnant une voix « de subalterne », un peu plus grave que Kiyoshi Kobayashi, mais qui reste assez pertinente dans le contexte de la série. Pour ce qui est Jacques Ferrière, qui doublait déjà l’inspecteur Lacogne/Zenigata (sous le nom de l’inspecteur Lapoulaille) dans le premier doublage de Cagliostro, il interprète cette fois-ci, en supplément, le personnage de Yokitori/Goemon. Que dire, si ce n’est qu’il a clairement su distinguer les deux personnages en donnant sa voix naturelle à Yokitori, en accentuant légèrement les grave quand c’était nécessaire, tout en donnant une voix plus aiguë et plus surjouée à Lacogne, qui colle bien au côté idiot du personnage, et qui rappellera inévitablement aux plus nostalgiques d’entre vous la voix qu’il prenait sur Rigel dans Goldorak. Enfin, pour terminer cette analyse des comédiens principaux, il fallait bien sûr s’arrêter pour parler de Catherine Lafond qui donne à Magali alias Fujiko une voix douce et assez sensuelle qui colle bien au côté manipulateur et séducteur du personnage, le tout sans fausse note tous au long de cette cinquantaine d’épisodes doublés. D’ailleurs, il est à noter quelques changements de voix durant la série et si Nadine Delanoë est une assez bonne remplaçante sur Fujiko sur 2-3 épisodes où Lafond n’est pas disponible, c’est moins le cas de Serge Lhorca qui remplace Jacques Ferrière sur les derniers épisodes, mais sans convaincre selon moi, car si son timbre de voix est assez similaire, la qualité d’interprétation en prend un coup, surtout sur Lacogne où il offre un jeu assez bon, mais qui n’égale pas son prédécesseur. À part cela, il est à noter que la série s’offre quelques comédiens « guests stars » tout du long avec pour commencer le regretté Jean-Claude Balard sur l’épisode 1, mais aussi sur les premiers épisodes Pierre Trabaud et Roger Carel qui double chacun leurs tours des policiers, mais aussi des scientifiques, tout comme Jean-Claude Montalban, Edgar Givry, Serge Bourrier ou Georges Atlas tout au long de la série.

 Bref, ce doublage est d’assez bonne facture pour l’époque, bien qu’il souffre de quelques couacs d’adaptations sur les noms français qui pourraient gêner les fans hardcores de la série, ainsi que d’une censure et une édulcoration des dialogues assez légère de temps à autre, mais parfois non, ce qui ne manque pas de surprendre le spectateur quand cela arrive. Sachant que la série est sortie en DVD il y a déjà plusieurs années avec les 52 épisodes doublés, je ne peux que vous recommander cette VF, pour peu que vous ne soyez pas allergique à Philippe Ogouz. 

À noter que ce doublage est disponible en DVD ou dans ses VHS à la jaquette dessiné avec… talent.

 

  Après cette diffusion remarquée de cette seconde série, la franchise ne fit plus parler d’elle pendant une dizaine d’années jusqu’à ce qu’à la fin des années 90, un éditeur vidéo s’intéresse de plus près à la franchise en achetant les droits VHS du second film de la franchise, Le Château de Cagliostro, déjà édité par Adès auparavant, ainsi que d’un premier téléfilm inédit, Goodbye Liberty.

II. Manga Vidéo - Round 1 : un doublage sans cabotinage ?

  Et oui, parlons de ces doublages particulièrement décriés, et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, la qualité d’interprétation des comédiens sur ces doublages, qui a été loin d’avoir fait l’unanimité, jugée largement en dessous par certains de ceux des films précédents ainsi que de la seconde série, plus ou moins à raison d’ailleurs, nous allons le voir. De plus, l’adaptation était basée sur la version américaine qui fait que les VF Manga Vidéo se retrouvaient souvent avec des traductions de traductions que Netflix ne renierait pas. Cela avait notamment pour conséquence que Lupin se retrouvait une fois de plus, avec les problèmes de droits, affublés d’un nouveau nom, à savoir celui utilisé régulièrement par les doublages anglophones, à savoir Wolf. Enfin c’est les seuls soucis que je pensais qu’elle avait au départ. Car, dans les faits, un autre problème se pose sur ces doublages. En effet les comédiens et les équipes de doublage sont différents entre les films licenciés par Manga Vidéo, notamment en raison du fait que le redoublage de Cagliostro soit sorti en VHS en 1996, et Goodbye Liberty en DVD en… 2002, soit 6 ans après. Ainsi, nous n’allons pas critiquer un, mais en réalité deux doublages différents. Et pour commencer, parlons tout d’abord du premier.

  Alors Cagliostro, rappelez-vous, nous avions dit dans l’article précédent que le 1er doublage était censuré. Ainsi, afin de proposer la version intégrale du film (ou par méconnaissance du précédent doublage), Manga Vidéo a fait redoublé le film. La direction artistique a été confiée à Chantal Briard, qui n’est pas à son coup d’essai puisqu’elle dirigeait également chez Manga Vidéo le doublage de Tokyo Babylone et des épisodes 2 et 3 de Genocyber… en même temps que Cagliostro. À part cela, en dehors des animés, la comédienne ne semble pas très connue, si ce n’est pour avoir dirigé quelques années plus tard la VF de la série allemande Helicops. Une inconnue au bataillon donc… Pour les textes, ils sont signés de Alain Léguillon, adaptateur qui a travaillé sur pas mal d’animés auparavant, que ce soit pour La Cinq avec Lucile, Amour et Rock'n roll, comme TF1 avec Wingman. Pour Manga Vidéo, c’est sa troisième adaptation après Macross Plus (OAV 2 et 3) et Ninja Scroll, et il prendra vite ses marques ensuite dans l’entreprise puisqu’il réalisera notamment l’adaptation VF du film Ghost in the Shell, avant d’ensuite réaliser des adaptations pour d’autres entreprises, dont notamment AB sur Détective Conan. Ces adaptations sur le film sont plutôt correctes, sans être totalement transcendant pour autant, notamment en raison du passage depuis la version américaine qui lui a fait prendre de nombreuses libertés avec le script original. À noter, à ce propos, que pas mal de dialogues sur des passages pourtant muets, généralement sur des passages hors champ, ont été rajoutés tout le long du film alors que les autres doublages français ainsi que la VO ne les ont pas. Cela semble provenir de la version américaine servant de base à ce film, à savoir le doublage anglais de Streamline Pictures, puisque la synchro des voix entre la seconde VF et ce doublage semble plus ou moins identique. Enfin, l’enregistrement des voix, étape importante s’il en est, a été réalisé dans les studios S.T.A.R.T, une entreprise de doublage prestigieuse crée en 1981 par Jacques Barclay qui a travaillé sur de nombreux films et qui a toujours été un collaborateur important de Manga Vidéo. Mais la question que l’on se pose le plus, et à raison, c’est qu’est-ce que vaut ces comédiens qui ont pour tâche de passer après Philippe Ogouz, Gérard Hernandez ou Roger Carel. Et bien, voyons ça tout de suite…

 Pour Wolf alias Lupin, il est doublé dans ce film par le comédien préféré d’une certaine Mart' Yann Le Madic. S’il est plutôt bon et dans l’énergie sur l’ensemble de ce film, ce qui est très plaisant, et qu’il cherche malgré tout à coller à la voix japonaise (et probablement américaine) du personnage, il a comme inconvénient d’avoir un timbre de voix plus juvénile, ce qui ne colle pas vraiment avec le Lupin de ce film, moins délirant et à priori plus âgé que celui des autres films ou même des différentes séries. D’autre part, il a tendance parfois à surjouer, généralement en raison des dialogues modifiés par la version américaine. Bref, s’il est assez bon dans l’ensemble, il est loin d’être le meilleur comédien ayant doublé sur le personnage. Pour ce qui est de Jigen, il est doublé par Christian Visine, qui est un habitué des doublages des OAV et films édités par Manga Vidéo. Il offre une excellente prestation, pas transcendante en raison du rôle assez faible au final du personnage dans l’histoire, mais qui marque. Il est d’ailleurs assez marrant de constater qu’il s’adresse souvent à Lupin en l’appelant « Patron ». Fantaisie de l’adaptateur ? Encore une modification issue de la version anglaise ? Difficile à dire. Pour Goemon, c’est Michel Tureau qui l’interprète, tout en s’occupant également, au passage, de doubler le comte de Cagliostro. Et pour le coup, bien qu’il donne une voix peu ou prou similaire aux deux personnages, le fait que Goemon soit très très en retrait de l’histoire fait que cela ne choque absolument nos oreilles, d’autant qu’il livre à côté une excellente prestation sur Cagliostro, qui met bien en avant le côté méprisable du personnage, bien qu’il ne puisse que difficilement rivaliser avec l’iconique voix de Roger Carel qui valait à lui seul l’intérêt du premier doublage mais je digresse. Pour les autres comédiens, ils se débrouillent pour la plupart très bien, mais sans grand génie. Hervé Caradec nous offre un Zenigata et un Jodor fidèles à eux-mêmes, mais sans plus. Idem pour Sandrine Fougère sur Fujiko, bien qu’elle soit particulièrement bonne en ce qui concerne son intention de jeu, au dépit d’un timbre de voix pas toujours très adapté au personnage. Pareil pour Henri Lambert, qui interprète plusieurs rôles dans le film, bien qu’il ne soit pas toujours reconnaissable au premier visionnage. Cela étant, pour finir ce petit tour des comédiens, mention spéciale à Léa Gabriele qui est, selon moi, la meilleure interprète de Clarisse de Cagliostro à mes yeux. Bien qu’elle ne soit pas irréprochable tout au long du film, je ne peux m’empêcher de la trouver meilleure que Céline Monsarrat ou encore Agrès Gribe (promis, j’y reviendrais dans la troisième partie).

 Voilà donc mon avis sur ce second doublage du Château de Cagliostro. Certes, il aura permis pour la première fois aux Français d’avoir accès à une VF intégrale du film, mais tout n’était manifestement pas parfait. Entre l’adaptation française très libre issue de la version anglophone, les comédiens pour la plupart plutôt bons, mais pas extraordinaires et quelques passages en dessous, ce doublage est certes très sympathique, mais loin de la qualité d’interprétation du précédent malgré tout. À noter que si les DVD et VHS distribués par Manga Entertainment proposent ce doublage, les sous-titres pour la VO, en ce qui concerne les DVD, reprennent les scripts de la VF, ce qui est regrettable, c’était malheureusement une habitude chez eux. 

Le doublage Manga Vidéo est disponible uniquement dans cette édition et en VHS. D’ailleurs, n’aurions-nous pas trouvé le premier DVD avec un slogan mentionnant Miyazaki afin de gratter plus de ventes ? 🤔

 Après ce doublage, il a fallu ensuite attendre 2002 pour retrouver Lupin, toujours chez Manga Vidéo, avec le 1er téléfilm de la franchise, intitulé Goodbye Lady Liberty !

III. Manga Vidéo - Round 2 : doublage et désespoir ?

 Si vous m’avez suivi jusqu’ici, vous savez désormais que l’équipe de doublage derrière ce film est différente de celle de Cagliostro. Manga Vidéo n’ayant jamais l’habitude de reprendre les comédiens à chaque fois, d’autant plus que 6 ans se sont écoulés. Ainsi, nous avons une toute nouvelle équipe dirigée par... je ne sais qui. Voilà, à l’heure où je vous écris cette review, je ne connais ni l’adaptateur ni le directeur artistique de ce doublage. Cependant, je peux dire que la direction artistique me semble manifestement assez hasardeuse, notamment avec des choix de comédiens très peu pertinents (je vais y revenir) ainsi qu’une direction des comédiens très discutable. Quant à l’adaptation, elle me semble globalement peu soignée, avec, certes, des répliques assez bien trouvés, mais encore une fois des libertés prises avec la VO, due au fait que le doublage est manifestement basé sur la version anglophone, d’autant plus qu’il a eu manifestement un manque de soin sur les finitions avec quelques incohérences dans le doublage, notamment une réplique de Jimmy, où, au lieu de dire Wolf, il appelle Lupin par « Cliff », le second nom anglophone du personnage. À noter que l’enregistrement des voix a eu lieu au Studio de Saint Maur, et non à S.T.A.R.T comme pour le précédent. En effet, au début des années 2000, Manga Vidéo à petit à petit confier ses doublages à ce studio, anciennement nommé Garcia Ktorza, avec des résultats plus ou moins qualitatifs (je pense notamment au désastreux 1er doublage de The End of Evangelion). Cela étant, que valent les comédiens me direz-vous ? Eh bien, voyons cela tout de suite…

 Commençons tout d’abord par Lupin, toujours affublé du nom Wolf en raison des problèmes de droits. Il est interprété ici par Tony Joudrier. Que dire sur sa prestation ? Non content d’avoir un timbre de voix qui ne correspond pas au personnage (bien qu’il se rapproche de la VO) comme pour Yann Le Madic, il est surtout et par-dessus tout trop souvent en sous-jeu, ce qui n’était pas le cas de son prédécesseur. Rajoutez à cela le fait qu’il soit très peu synchro sur certaines scènes et vous avez certainement la pire voix française de Lupin à ce jour. Oui, je le dis. Il est nul, nul !!! C’est vraiment l’erreur de casting qui, a-t-elle tout seule, rend ce doublage inécoutable à mes yeux. Et encore, je ne parle que de Lupin, mais il double aussi Rooster, et au moins, là, il a le bon timbre, même s’il n’est toujours pas synchro sur quelques rares passages. Bref, Tony Jourdrier sur Lupin, c'est mauvais de chez mauvais, une erreur de casting et une très mauvaise adaptation. Zéro ! Sinon, après ce coup de gueule bien mérité, passons maintenant à quelque chose de plus positif avec Michel Blin sur Jigen. S’il a une voix qui colle très bien au personnage, et que son timbre de voix le rend particulièrement marquant et charismatique, il souffre lui aussi la synchro comme pour Tony Jourdrier, même si c’est beaucoup plus discret. C’est pour moi la bonne surprise de ce doublage et j’aurais été vraiment curieux de voir ce qu’il donnerait avec une direction d’acteur de meilleure facture. Bref du très bon, mais qui aurait pu être largement mieux à mon humble avis. Cela étant dit, je ne pouvais pas parler de ce doublage sans évoquer inévitablement Patrick Béthune sur Goemon ? Non, vraiment, c’est un comédien formidable, et ça, personne ne pourra le nier, mais sur Goemon, bon sang !!! Il est mauvais, mais vraiment mauvais, et ça me fait mal de le dire. D’une part, la voix qu’il choisit sur le personnage ne colle pas, mais comme pour Tony Joudrier, il se laisse aller sur la synchro, mais de manière particulièrement flagrante. Si sa prestation dans le film en ce qui concerne le chef de l’organisation m’a bien convaincu, la synchro n’étant pas particulièrement nécessaire, d’autant qu’il a cette fois-ci le bon timbre de voix, sur Goemon, c’est un non catégorique, et pourtant j’aurais aimé dire le contraire, car l’air de rien, ce n’est quand même pas n’importe quel comédien. Cela dit, peut-être que le fait que son personnage souffre le plus des passages en VO en raison de son timbre très différent du seiyu japonais n’a pas dû aider. Car oui, parlons-en, les cris dans ce doublage sont laissés en VO afin de gratter certainement sur les lignes des comédiens et économiser de l’argent. Non seulement je pense que c’est une pratique discutable, mais en plus, ici, c’est particulièrement flagrant pour la plupart des personnages quand cela arrive, ce qui est vraiment navrant. Le mixage n'arrange rien à l'affaire, bien au contraire, le passage de la VO à la VF est clairement perceptible et rend ce doublage encore plus inécoutable qu'il ne l'est déjà. Sinon, me direz-vous, et Jacques Albaret sur Zenigata ? Alors oui, ce n’est clairement pas la meilleure voix que le personnage a eue, mais j’adore la façon dont il l’interprète sur ces quelques apparitions, notamment au début j’attendais tellement qu’il balance un « The World » pour arrêter Lupin. En tout cas, même si son interprétation n’est par parfaite, on voit quand même qu’il s’amuse sur le personnage, et ça ne peut que me faire plaisir, en tant que spectateur. Cela étant dit, avant de s’attaquer aux prestations des inconnues, quoi de mieux que d’évoquer la dernière comédienne identifiée au casting, à savoir Hélène Bizot, qui fait tour à tour Michael et surtout Fujiko. Autant elle offre une plutôt bonne prestation sur les deux personnages et est la plupart du temps synchro (ce que très peu de personnes peuvent se vanter sur ce doublage, vous l’aurez deviné), mais selon moi, elle manque un tout petit peu d’énergie et d’un poil d’enthousiasme sur Fujiko, même si ça reste très correcte dans l’ensemble, surtout dans les scènes où elle manipule Jimmy pour arriver à ses fins. Enfin, pour finir ce tour des doublages, je tenais à tirer mon chapeau au comédien qui interprète Jimmy, ainsi qu’à la comédienne interprétant Isabella. Les deux tirent vraiment leur épingle du jeu sur ce doublage, d’autant qu’il ne souffre pas de la comparaison que j’aurais pu faire avec d’autres comédiens, personnages inédits obligent, et qu’ils sont ceux qui ont le moins de soucis avec la synchro et niveau énergie, surtout la comédienne d’Isabella. Dommage qu’ils soient victimes, comme tous les comédiens, des conditions de travail manifestement compliqué.

 Bref, si le redoublage de Cagliostro n’était pas parfait, il m’a clairement plus convaincu que le doublage de ce téléfilm. En effet, entre les voix pas adaptées aux personnages la plupart du temps, les problèmes de synchro en fonction des comédiens, les cris laissés en VO et le manque d’énergie d’une partie des comédiens, certainement pas aidé par la direction artistique discutable, on a le cocktail pour faire une mauvaise VF, et c’est le cas. À moins d’être un fan hardcore de doublage, je ne peux que déconseiller le visionnage de ce téléfilm en français et je vais même dire, oui, c’est le pire doublage de la franchise Lupin III sans aucune exception. 

La légende raconte qu’il ne faut surtout pas acheter ça sous peine d’être maudit à jamais. D’ailleurs, depuis quand ce téléfilm est divisé en deux WTF !!!
 

 Après ce lamentable ratage, tant niveau qualité qu’en termes de ventes, Manga Vidéo laisse tomber sa filiale française, mais Lupin retrouve très vite le chemin des studios de doublage, puisqu’en 2005, un petit éditeur vidéo du nom d’IDP, fondé par Yves Huchez, neveu de BRH, se décide à doubler et redoubler des séries et films Lupin. Le tout, sans savoir que dans l’ombre, un autre éditeur vidéo avait acheté du Lupin et comptait le doubler aussi, avec encore une autre équipe. Mais tout cela, nous le verrons, bien évidemment, dans la partie 3 de cet article.

 Encore une fois, je remercie Camille R. et son blog http://doublagesperdus.canalblog.com/ qui a été une grande source d’information pour l’écriture de cet article une fois de plus, tout comme le site Planète Jeunesse qui a retrouvé énormément de casting des doublages de Manga Vidéo alors qu’il n’était parfois, voire jamais crédité officiellement par cette entreprise, ce qui est illégal, mais c’est un détail. Merci également à Jet Suzuyaki, le plus Lupin de tous les fans de Lupin, ainsi qu’à vous, qui lisez cet article. Comme à l’habitude maintenant, je vous souhaite une bonne journée ou soirée, tout dépend de l’heure où vous lisez, et je vous dis à la prochaine !!!

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