Détective Conan - Le Sous-marin Noir : Un blockbuster animé ?

Alors, alors, par où commencer ? Que dire sur Détective Conan : Le Sous-marin Noir, 26ème long-métrage de la franchise Détective Conan ? J'ai presque envie de vous parler avant de commencer de la relation que j’entretiens avec cette licence qu'on ne présente plus ici tant j'ai pu en dire du bien, un peu, beaucoup, trop pour le bien de la licence. Blague à part, vraiment, c'est une série que j'affectionne énormément. Entres les diffusions sur France 3 et Cartoon Network, puis plus tard en VOSTFR chez J-One puis Mangas, les achats du manga chez Kana au lycée, puis les projections cinémas des derniers films par Eurozoom et le retour de la série en SVOD sur différentes plateformes, j'ai vraiment toujours été un fidèle soutien et spectateur de la licence en France, quand bien même celle-ci a connu ses hauts et ses bas chez nous. En bon fan, évidemment que j'allais parler du dernier film. D'autant que Eurozoom a martelé cette fois-ci à qui voulait l'entendre qu'il s'agirait peut-être du dernier film licencié chez nous si les spectateurs ne sont pas au rendez-vous. Le message était clair pour les aficionados de la licence dont je fais partie. Il fallait parler de ce film, si on voulait que d'autres puissent arriver chez nous ! Cela étant, comme d'habitude, licence de cœur ou non, je tâcherais de rester critique et pointer du doigt les points positifs et négatifs, de mon point de vue, que possède ce film. Mais d'abord, laissez-moi vous expliquer quelles étaient les attentes que j'avais pour ce long-métrage.

Un postulat très prometteur

Et pour que vous les compreniez, il faut que je revienne une petite année en arrière, car comme dans tout film Détective Conan qui se respecte, il y a toujours une scène post-générique pour présenter le film suivant. Ainsi, en allant au cinéma en avril 2022 voir pour la première fois Détective Conan - La Fiancée de Shibuya (très bon film par ailleurs), j'ai pu entendre à la fin du film une voix qui m'était oh combien familière (en VO uniquement, la VF ayant pris un comédien différent de celui de la série), celle d'un homme en noir bien connu, puisqu'il s'agissait de nulle autre que Gin, le Gin de l'organisation des Hommes en Noir, ce qui annonçait pour ce 26ème film rien de plus qu'une nouvelle confrontation de Conan face à cette organisation bien connu des lecteurs et les spectateurs de la série. Je ne pouvais qu'être impatient de découvrir ce film après cette révélation, et ce, alors que le tome 100 allait bientôt sortir en France, ce tome là même qui révèle l'identité de Rhum, le numéro deux de cet fameuse organisation que Conan poursuit depuis tant de temps. Autant dire que le synopsis me laissait rêveur, tout comme cette scène post-générique qui annonçait une confrontation en mer des plus explosives. 

    Et par la suite, la révélation du synopsis et de l'équipe technique en décembre 2023 m'aura finalement convaincu qu'on allait avoir droit à un excellent film. Yuzuru Tachikawa, le réalisateur du film, ayant su faire ses preuves avec les 3 saisons de Mob Psycho 100, un véritable bonbon d'animation comme on n'en voit que très rarement, qu'il a produit chez le studio Bones, ainsi que sur le 22ème film Conan, L'Exécutant de Zero, aussi fun que spectaculaire. Idem pour Yūgo Kanno, qui avait proposé une excellente partition sur le film précédent, en prenant la relève de l'incontournable Katsuo Ono qui avait réalisé l'intégralité des bandes son de Conan depuis le premier épisode de la série animé en 1996. Quand au scénariste Takeharu Sakurai, il s'agit d'un habitué de la franchise, à qui on doit les scénarios des films 17, 19, 20, 21, 22 et 24 de la licence. Du beau monde, donc, qui promettait un spectacle des plus divertissants, comme les films de la franchise nous l'ont si souvent proposés, souvent pour le mieux, parfois au détriment, il faut le dire, du reste du scénario et de la partie enquête/mystère, parfois mis un peu au second plan, alors qu'il s'agit pourtant de l'ADN de la franchise !

    Bref, tout cela pour dire qu'en juin dernier, quand j'ai pu assisté aux projections presse (merci AnimeHD), j'avais certaines attentes, globalement positives, qui ne demandait qu'à être assouvis. Et au final, il y a pas mal de choses à retenir de ce long-métrage, mais attention, ce sera avec pas mal de divulgâchage, vous êtes prévenus !

Un film riche en actions au détriment des énigmes ?

    C'est l'élément le plus important à noter de ce film, l'action. Là où le film précédent restait globalement assez sobre à ce niveau (excepté la dernière partie du film où Plamya dévoile son identité), laissant toute la place à l'enquête de Conan et aux flash-back sur toute la petite bande d'Amuro, là c'est l'escalade, et pas qu'un peu. Affrontements, courses-poursuites et batailles en corps à corps ou par armes interposés sont nombreux durant toute la durée du long-métrage, et ce, dès la séquence d'ouverture à Francfort qui ne lésine pas sur les moyens. Mention spéciale à ce sujet à la scène de course-poursuite en milieu de film où Conan se retrouve à poursuivre Pinga après qu'il ait enlevé Aï Haïbara, séquence qui est tout simplement jouissive, avec une très bonne utilisation de la CGI qui se mêle parfaitement bien aux séquence dessinés à la main qui sont sublimes. Quand à la fin du film, elle est tout simplement spectaculaire, bien qu'un poil en redite par rapport aux 2 films précédents. Le tout est accompagnée par une bande-son de Yūgo Kanno qui est plus cinématographique que jamais, avec quelques pistes reprises du film précédent qui accompagne parfaitement celles faites pour l'occasion. On a vraiment l'impression par moment de regarder le dernier film Mission: Impossible ou un pénultième opus de James Bond tant l'action est assez riche et au cœur du récit, tout en servant vraiment l'histoire racontée, bien qu'elle soit un prétexte, par moment, à des séquences que l'on ne retrouverait pas forcément dans la série animé, justifiant ainsi l'apport du grand écran pour cette aventure crée pour l'occasion.

    Néanmoins, l'aspect enquête et déduction, au cœur de la franchise Détective Conan, n'est pas complètement abandonné, avec le mystère qui entoure le complice au cœur de La Bouée du Pacifique qui a aidé les Hommes en Noir à accéder à cette île artificielle, le fameux Pinga. Ça ne va pas très loin certes, mais on peut s'amuser tout au long du film à essayer de trouver de qui il s'agit petit à petit, en regardant un peu partout les actions de certains personnages qu'on a pu voir auparavant, ainsi que les traits de Pinga lorsqu'il apparaît plus directement, jusqu'à arriver à la même conclusion que Conan vers la fin du film. On restera néanmoins sur notre faim avec l'énigme du Professeur Agasa, passage un peu imposé pendant le film qui ne sert pas forcément à grand chose malheureusement. Même si je comprends que ce passage est destiné avant tout au jeune public, il est dommage qu'il mette de côté le reste des spectateurs, qui ressentiront plus de la lassitude devant ce passage qu'autre chose. 

L'émotion au cœur du récit (avec un brin de fanservice)

    Toutefois, malgré l'action prépondérante durant tout le film, et la petite dose d'énigmes qui va avec, il y a bien une chose sur laquelle elle ne prend jamais le pas, c'est l'émotion. En effet, un certain personnage est bel et bien au cœur du récit, un personnage bien connue des lecteurs et des spectateurs : Aï Haibara, ou plutôt Shiho Miyano. Sans elle, le film n'aurait été qu'un concentré d'actions sans grand intérêt. En effet, elle est la raison d'être ce long-métrage. Non seulement car ce film est là pour montrer l'apothéose de son évolution qu'elle a connu depuis sa rencontre avec Conan Edogawa, mais aussi parce que son passé d'étudiante et de scientifique pour les Hommes en Noir la rattrape une dernière fois ici, d'où les actions respectives de ceux-ci, et notamment de Pinga, de vouloir l'enlever, pour la montrer à Rhum. Et pour le coup, le film a su bien se débrouiller, de mon point de vue, pour ne pas perdre les néophytes, non seulement grâce au générique, qui explique tout ce qu'il faut savoir sur elle, mais aussi grâce aux flashbacks judicieusement placés tout au long du film pour expliquer au néophyte sa situation. D'ailleurs, petite aparté sur le téléfilm disponible sur ADN, intitulé Détective Conan : L'Histoire d'Ai Haibara qui ait, à mon sens, un plus appréciable que ce soit pour les néophytes ou les connaisseurs qui veulent revivre l'histoire du personnage de manière la plus détaillé possible, sans que ce soit indispensable pour le long-métrage. C'est plus un bonus facultatif à voir avant le long-métrage si on en a vraiment envie.

Cela étant dit, comme je le disais rapidement, ce n'est pas tant Aï Haïbara en elle-même qui est au centre du récit, mais surtout les différents liens qu'elle a tissé au fil du temps avec de nombreux personnages, avec en premier lieu Conan Edogawa qui lui a sauvé la vie a de nombreuses reprises, physiquement et mentalement, depuis sa première apparition dans la série. Leur relation est largement développé dans le film, que ce soit à partir du moment où son identité est découverte par certains des hommes en noir, tout comme vers la fin du film, où les deux vont s'entraider à leur façon pour se sauver respectivement la vie, mention spéciale à la toute fin, où l'on a droit à une séquence qui ne restera certainement dans les annales des fans de la franchise, et qui fera plaisir au fans de ce duo. Le second lien qui est exploré dans ce film est la relation entre Haïbara et la mystérieuse scientifique de la Bouée du Pacifique, qui a découvert également son identité, enlevé également par Les Hommes en Noir. Cette relation est à la fois un prétexte à montrer l'évolution qu'a connu Haïbara depuis son enfance, tout en faisant écho à la relation qu'elle a développé avec Conan, en montrant qu'elle a toujours eu bon fond, et que c'est cette partie de sa personnalité que Conan a fait ressurgir chez elle, après toutes ces années passées à travailler pour les Hommes en Noir. Le film ne néglige pas non plus sa relation avec le professeur Agasa, avec qui elle vit désormais, et qui est le premier à vouloir l'aider avec Conan quand elle est en grand danger, ce qu'il montre très bien lors de la course-poursuite contre Pinga !

On peut aussi noter certaines séquences où d'autres personnages sont également mis en avant, avec en premier lieu Ran Mouri, qui a le droit à deux affrontements en corps à corps contre Pinga assez réussis graphiquement parlant, là où elle avait été réduit, dans le manga ainsi que dans les films précédents, à un rôle assez tertiaire, ce qui était bien dommage en raison de sa maîtrise des arts martiaux qui était pleinement montré par Gōshō Aoyama au début du manga, ainsi que l'animé, qui n'hésitait pas inclure quelques fillers assez sympa à ce niveau. Par contre, pour ce qui est de Kogoro, des Détective Boys, des membres de la police, ou d'un personnage plus récent comme Kuroda, ils sont hélas assez transparent durant tout le film, si bien qu'on a dû mal à comprendre leur présence, surtout Miwako Sato qui fait preuve de la figuration la plus totale, et qui s'insère en plus très mal dans le film (pourquoi Megure l'a emmené elle en particulier à Hachijō-jima ?). On sent que leur présence est là davantage pour permettre au spectateur qui les apprécie de les revoir après le film précédent, ce qui est bien dommage.

Un film "prisonnier" des codes de la franchise ?

    C'est peut-être là justement le seul soucis que je pourrais reprocher globalement à ce film, sachant que chaque petit défaut que j'ai pu cité auparavant est de mon point de vue plus ou moins lié à celui-ci. Après 26 films qui ont très bien fonctionné au box office japonais, les producteurs ont voulu toujours proposer quelque chose d'encore plus divertissant, rythmé et fun à chaque opus, dans l'optique de multiplier à chaque fois un peu plus les bénéfices et le nombre des spectateurs au box-office japonais. Cela n'aurait pas grande importance si cela n'entraînait pas une interférence des intérêts des producteurs dans la conception du film en lui-même. Cela passe par le fanservice, que nous avons déjà évoquer, la présence de certains personnages par forcément nécessaire à l'intrigue, et plus largement l'utilisation multiples de codes qui ont été instaurés au fil des opus diffusés au cinéma, et qui, si ils sont parfois utiles, notamment le générique permettant de recontextualiser pour les nouveaux venus l'histoire de la série, ou appréciable, comme le coup final de Conan avec son ballon de football gonflable, peuvent parfois porter préjudice au long-métrage, avec pour conséquence un rythme en dents de scie, notamment sur la première partie du film, qui enchaîne les scènes d'actions et celles où l'intrigue se met en place, tout en essayant de caser les passages un peu obligé avec les Détective Boys, dont la petite énigme avec le professeur Agasa dont j'ai déjà parlé.

Cela étant, le long-métrage n'a jamais eu la prétention d'être plus malin qu'il ne l'est, et de renverser la table de tout ce qui constituait Conan jusqu'alors. La bande-annonce laissait présumer dès le départ de tout ce qui allait être proposé au spectateur, là où celle du film précédent était complètement mensonger, en faisant croire à une conclusion pour un certain couple bien connu des fans de la série. Ici rien de tout ça. Le film promet de l'action, il en donne. Il promet de l'émotion et une rétrospective de la relation Conan et Haïbara, il la donne sur un plateau d'argent. Il est clair que Yuzuru Tachikawa, tout comme le scénariste Takeharu Sakuraint ont voulu à la fois contenté les producteurs et les spectateurs, tout en proposant une aventure qui puisse être apprécié des néophytes de l’œuvre de Gōshō Aoyama comme des plus grands fans qui savent tout sur tout et qui ne veulent rien manquer !

Conclusion

Détective Conan - Le Sous-marin Noir, c'est un blockbuster d'animation malin où l'action et l'émotion se conjugue pour donner naissance à un cocktail détonnant, accessible aux néophytes, mais autrement plus satisfaisant quand on est fan assidu de la franchise, avec la bonne dose de fanservice qui va avec. Vous y trouverez de tout, de l'action, de l'émotion, avec une petite dose d'enquête. Les hommes en noirs sont là, et ils apportent avec eux une tension et une menace autrement plus forte que les antagonistes des films précédents. Le film sait parfaitement ce qu'il veut faire d'eux et globalement où il voulait aller, et n'a pas la prétention de renverser les codes de la franchise, et encore moins ceux instaurés par les films en particulier. Au risque de se noyer ? Non, même si le rythme en dents de scie est le principal défaut témoignant de ce choix du réalisateur, ainsi que du scénariste de satisfaire tout le monde, fans de Conan comme moins fans. Que vous soyez un habitué des aventures du petit détective, ou non, vous y trouverez certainement votre compte, pour peu que vous n'ayez aucune attente déplacé sur ce long-métrage. Conan reste fidèle à lui-même, pour le bonheur de ses spectateurs japonais, et de ses spectateurs français qui seront au rendez-vous, on l'espère, dès aujourd'hui, le 2 août, pour profiter de ce nouvel opus comme il se doit.

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