Ranma ½, un doublage français typique de la SOFI ?
En effet, en sortant de mon visionnage de cette série, je m'attendais à réaliser un thread sur Twitter tout ce qui a de plus normal pour donner mon avis et mon ressenti personnel sur ce doublage. Cependant, après une première version qui s'est intéressé seulement à l'adaptation, puis mes discussions à l'apparence anodine sur le forum Planète Jeunesse puis sur le nouveau forum du doublage francophone, où j'ai pu découvrir l'énorme guide doublage qu'avait réalisé Artémis (si tu passes par là, salutations à toi^^), je me suis dis qu'il fallait mieux que je le refasse tout depuis le début. Puis, au final, au vu du nombre de caractères qui augmentaient, proportionnellement à ma fatigue qui s'installait à devoir revoir à chaque fois le nombre de caractères, mieux valait un article sur ce petit blog si je ne voulais pas rendre ma critique illisible (et publier cela dans 100 ans au passage). Alors voilà, aujourd'hui, tout de suite, maintenant, on va parler d'un doublage pas très très nouveau, d'une série pas très très connue, enfin, sauf pour ceux qui l'ont vu à l'époque du Club Dorothée, adapté d'une œuvre d'un mangaka dont la réputation n'est plus à refaire, Rumiko Takahachi. Aujourd'hui, comédie absurde, arts martiaux, harem (et harem-inversé) ainsi que romance se partagent l'écran, tout comme notre personnage principal avec son alter-égo féminin, aujourd'hui, on va parler de la VF de Ranma 1/2.
Fiche Technique :
MANGA D'ORIGINE
Auteur : Rumiko Takahashi
Date de publication du premier tome : 19/08/1987 (Japon) / 16/02/1994 (France)
Maison d'édition du manga : Shōgakukan (Japon) / Glénat (France)
Nombres de tomes disponible : 38 (Anciennes éditions) / 20 (Réeditions) - Parution terminé.
SÉRIE ANIMÉ
Réalisateur : Tomomitsu Mochizuki (saison 1)
Tsutomu Shibayama (saison 2)
Koji Sawai (saisons 3-5)
Junji Nishimura (saisons 6-7)
Character-Design : Atsuko Nakajima
Musiques : Hideharu Mori et Kenji Kawai
Studio d'animation : Studio DEEN
Comité de Production : Fuji Television Network
Kitty Films
Shogakukan-Shueisha Productions
Distributeur en France : TF1/AB Productions (Expiré) - Déclic Images (Expiré)
Disponibilité : DVD Uniquement
DOUBLAGE FRANÇAIS
Studio : SOFI
Lieu d'enregistrement : ???
Directeur artistique : Luq Hamet
Comédiens principaux :
Luq Hamet
Ranma Vincent (garçon)
Barbara Tissier
Ranma Vincent (fille), Bambou, Amandine (2ème voix), Adeline (voix de remplacement: ép. 94 à 96)
Magali Barney
Adeline Galland
Dorothée Jemma
Annabelle Galland, Géraldine, Frédérique, Grand-mère de Bambou, Amandine (voix principale)
Serge Bourrier
Genma Vincent, Maître Ernestin, Principal de l'école des Bleuets
Vincent Ropion
Julian Storme, Aristide (voix principale), Mathias
Patrick Borg
Docteur Thibault, Roland, Mathurin
Disponibilité : DVD (Éditions collectors VO/VF de Déclic Images uniquement)
Avant-propos
Mais avant de parler du doublage et des adaptations des textes, il nous faut nous remettre dans le contexte de l'époque et repréciser certains points, même si certains comédiens de l'époque, comme Brigitte Lecordier et Eric Legrand notamment, l'ont déjà évoqué en long en large et en travers dans leurs différentes interviews. Et pour cela, retournons en 1992. Depuis la loi Tasca voté 3 ans auparavant qui avait institué le CSA ainsi qu'une obligations de quotas de programmes français et européens, la part des animés japonais dans la programmation du Club Dorothée n'avait cessé de chuter progressivement, au profit des sitcoms ABesque, qui ont fait le bonheur ou le malheur de ceux qui ont pu les regarder. Les dessins animés diffusées étaient généralement relégué le matin et étaient, surtout depuis 1991 et la polémique sur un épisode de Dragon Ball, qui suivrait déjà celle sur Ken Le Survivant et Muscleman, particulièrement surveillées par des "psychologues" qui se chargeaient de donner les censures à effectuer, que ce soit avant ou après le doublage, en n'hésitant pas à demander de refaire plusieurs fois des PAD (Prêt à diffuser) si nécessaire afin d'obtenir une série diffusable sans qu'un parent ne puisse se plaindre de cela.
D'autre part, le studio SOFI, qui était le principal pourvoyeur de doublage pour AB Productions, croulaient sous la demande de plus en importante en programmes, qui faisaient que les dessins-animés n'étaient absolument pas leur priorité, à quelques rares exceptions près bien sûr. Ainsi, les changements de voix sur des personnages durant des séries ne posaient pas problème comme aujourd'hui et le recours au match voice (comprenez par là, le remplacement par un ou une comédien(ne) à la voix plus ou moins similaire) était particulièrement répandue sur certains doublages. Pour ce qui est des adaptations de dessins animés japonais, les ayants-droits fournissaient en général à AB, qui redonnait ensuite à la SOFI, des scripts des épisodes traduits sommairement en anglais. Les adaptateurs devaient donc à la fois traduire le texte qu'on leur a donné en français mais aussi le modifier pour obtenir une bande rythmo avec des textes oralisé et synchronisé avec l'image, et ce, dans un délais très court, puisqu'il fallait absolument diffuser les épisodes au plus vite.
C'est donc dans ce contexte peu propice à un doublage de qualité qu'est doublé puis diffusé Ranma 1/2 à partir du mercredi 9 septembre 1992 sur TF1, en commençant naturellement par l'épisode 1, tandis que chaque semaine, 1 nouvel épisode accompagnera le jeune spectateur tous les mercredis, épisode plus ou moins écourté avant et après doublage en fonction des désidératas des psychologues d'AB. La série sera également diffusé et rediffusé par la suite sur les chaînes TV d'AB, à savoir Mangas, TMC, AB1 et NT1 avant de recevoir une édition DVD VOSTFR only puis VO/VF chez Déclic Images, avec à priori le matériel VF le plus complet.
Mais comment on peut faire un doublage dans de tels conditions !!! |
Mais revenons à cette VF, que vaut-t-elle ? Eh bien, c'est ce dont nous allons parler, en évoquant chaque partie du processus de doublage, et au premier rang desquels l'adaptation...
I. Une adaptation des textes en dents de scie
La première chose qui choque plus ou moins quand on regarde la série, et surtout si on compare avec la version originale, c'est la différence de qualité d'adaptation sur les épisodes tout au long de la série. Et cela est dû à plusieurs paramètres, au premier rang desquels le nombres d'adaptateurs sur la série. Ils sont au moins 6 si ce n'est plus pour adapter les 166 épisodes de la série, à savoir Emmanuelle Ogouz, Christine Fau, Marie-Annick Billaud, Laurence Salva, Jean-Yves Luley et Jean-Claude Iltis (les deux derniers se sont occupées surtout des premiers épisodes de la série, tandis que Salva est intervenu sur l'adaptation vers la fin). |
Quelles sont les conséquences de cela ? Déjà pour commencer, un problème évident de cohérence interne des adaptations. Si il y a bien eu, manifestement, une concertation partielle des adaptateurs au début de la série pour définir les prénoms français (je vais y revenir...) ainsi que sur d'autres éléments, très vite, on constate qu'au fil des épisodes que cette relative cohérence s'étiole avec des changements de noms de famille et d'attaques spéciales légers qui apparaissent dès l'épisode 10 mais qui empireront par la suite. En effet, vers les épisodes 30, les prénoms francisés sont également victimes d'erreurs, notamment dans les épisodes adaptés par Emmanuelle Ogouz où l'on retrouve le plus ce genre de problème (comme le prénom d'Aristide/Soun qui devient Anatole et ou la confusion régulière entre Anabelle/Kasumi et Amandine/Nabiki). Enfin, le summum est atteint à partir de l'épisode 100, où même les prénoms de certains personnages secondaires qui apparaissent peu se retrouvent changées d'un épisode à l'autre, dont notamment Boniface ou Alexandre qui deviennent respectivement Gédéon et Valentin sur quelques épisodes et ce sans aucune explication. Ces erreurs ne sont que les conséquences, à mon avis, d'une absence de bible ainsi que de concertation entres adaptateurs tout au long de la série, et forcément, quand on double une série aussi longue que Ranma (166 épisodes), cet erreur finit par se payer au fil de la série, d'où ce résultat, typique du soin habituel de la SOFI et du manque de temps (et de motivations ?) de ces adaptateurs... |
Cela étant, quand est-t-il des textes en eux-mêmes ? Eh bien à à première vue, en regardant la série, on pourrait se dire que contrairement à d'autres séries animés comiques adaptés par la SOFI, notamment Lamu du même auteur que Ranma, les adaptateurs s'en sont plutôt bien sortis cette fois. En effet, la série reste assez plaisante à regarder en VF sur la plupart des épisodes, avec de très bonnes trouvailles d'adaptation de temps à autres, surtout sur le comique de gestes qui rendent parfois certaines situations encore plus drôle qu'en VO, pour notre plus grand plaisir. Cela étant, en regardant de plus près, on constate toujours des petits problèmes par-ci par-là, synonyme certainement d'un manque de temps, comme des épisodes à l'adaptation moins bonne ou avec de temps en temps avec des différences notables avec la VO. La plupart de ses erreurs sont, certes, sans grande conséquences sur le visionnage mais certaines sont par contre particulièrement dérangeantes, et peuvent mettre à plat des blagues, je pense notamment au directeur de l'école des Bleuets/lycée Furinkan. En effet, ce dernier parle un accent anglais à couper le couteau en VO qui a été totalement gommé de la VF, ce qui fait perdre un ressort comique des épisodes dans lequels il apparaît, pour en faire un simple "antagoniste" un peu fou fou, ce qui est bien dommage. |
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Soyons clair, la VF de Ranma n'est pas catastrophique, comme on aurait pu le penser venant de la SOFI. L'adaptation est dans le haut du panier de ce que l'entreprise réservait en général à ces "cartoons japagouins" comme le dirait certains. En regardant ce doublage, il arrive parfois de sourire ou d'être mort de rire grâce à des comédiens impliqués malgré leurs faibles nombres et ce, grâce à de bons choix d'adaptations. Cela étant, on ne peut pas passer outre certains épisodes où les maladresses de toutes parts, qu'elles viennent des comédiens, de l'adaptation ou d'ailleurs, ainsi que les censures et les édulcorations de dialogues, sont très visibles et nuisent au visionnage. Ainsi, si la VF est relativement bonne à mon avis, elle n'est pas forcément recommandable si vous voudriez l'expérience de visionnage la plus fidèle au matériel original ou que vous n'appréciez pas trop les doublages d'époque. Cependant, si vous passez outre ces deux points précédents, vous pouvez tout à fait l'essayer et l'apprécier malgré tout, comme ce fus le cas pour moi, d'autant que comme toutes les VF de la SOFI, cet VF est un cas d'école de ce qu'il faut faire mais aussi de ce qu'il ne faut pas faire en matière de doublage français, et ce, encore aujourd'hui.
Dommage que les OAV n'ont jamais été doublés par Kazé à l'époque. Bizarrement, les 2 premiers films chez AB l'ont été, 2 années après la série, mais ces doublages ne sont disponible que sur les VHS. |
Sur ce, je vous remercie d'avoir lu cet article, on se retrouve très vite, je l'espère, pour un nouvel article sur ce blog, je vous dis bonne journée ou bonne soirée, tout dépend de l'heure où vous lisez ce torchon travail de qualité, et à la prochaine !!!
*Pour certains épisodes, notamment dans la dernière partie de la série, personne n'a réussi à retrouver qui pouvait être les adaptateurs, est-ce Emmanuelle Ogouz, Christine Fau ou Marie-Annick Billaud, sachant qu'elles sont celles qui ont adaptés le plus d'épisodes ? Le mystère reste entier...
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