Interview de Fouzia Youssef-Holland
Note : Lors de l’interview, j’ai été accompagné d’un des plus grands fans de City Hunter qui existe sur cette Terre de Jet Suzuyaki, grand fan de doublage d’animés en français. Je mettrais son lien à la fin de cette première partie d’article pour ceux que ça intéresserait, dans la partie « remerciements ». Et pour une meilleure compréhension, avec l’accord de Fouzia, je me suis permis de reformuler certaines de ses phrases, comme les miennes et celles de Jet, étant donné que l’interview s’est faite à l’oral au départ, et qu’elle a été retranscrite à l’écrit par votre serviteur^^.
J.B : C'était Gundam 00, vous interprétiez Linda Vashti ! Excellente VF par ailleurs...
J.B : Justement, j'allais y venir, car il me semble que vous avez travaillé avec lui sur de nombreuses séries télévisées, je pense notamment à True Detective je crois ?
F.Y.H : J'ai été assistant D.A (directeur artistique) sur la saison 1, et j'ai adapté certains épisodes avec lui sur la saison 2, en plus d'être toujours assistante D.A, et d'avoir fait quelques voix d'ambiances. Cela dit, avant cela, j'ai aussi été assistante D.A sur des films Transformers ou Star Trek. Sinon, en tant qu'auteur, j'ai commencé en travaillant avec Julien Kramer sur la licence Dragons...
J.B : Justement, est-ce que vous pouvez nous en dire plus, sachant que vous vous êtes occupés, si je ne dis pas de bêtises, de Dragons 2 et 3, ainsi que la série Par delà les Rives ?
F.Y.H : Oui, ainsi que les séries qui se sont faites avant. J'ai travaillé sur tout ce qui est sorti après le premier film Dragons. Je n'ai cependant pas été assistante D.A sur le dernier film mais seulement adaptatrice avec Julien car le directeur avait changé. Mais du coup, voilà, j'ai vraiment fait mes armes avec lui et c'est lui qui m'a tout appris, j'ai vraiment bu toutes ses paroles et tout son enseignement, et c'était sportif, car il a l'exigence d'une Anna Wintour !!! En tout cas, j'ai continué à travailler avec lui jusqu'en 2020, car à partir de là, mes propres projets me prenaient beaucoup trop de temps.
J.B : Cela dit, pour continuer sur votre collaboration avec Julien Kramer, j'avais noté que vous aviez participé à l’élaboration des dialogues des films d’animation Mune : Le Gardien de la Lune, ainsi que de Mutafukaz. Étant donné qu'il s'agit de films d’animation français, je me posais la question : sur quoi vous êtes-vous basé pour écrire les dialogues français ? Par exemple, est-ce que vous avez reçu les scripts des films en anglais à adapter en français ou directement en français ? F.Y.H : Alors pour Mune, on recevait des scripts en anglais, et on se basait dessus, notre langue source était bien l'anglais, car l'animation était déjà prête et synchro sur les voix témoins anglaises. Cependant, pour Mutafukaz, c'était autre chose, puisqu'on avait Run (ND d'UniversJB : L'auteur de la BD d'origine, et co réalisateur du film) qui était là avec nous. Julien et moi avons participé au texte VF , mais comme c'était le bébé de Run, il était présent à toutes les étapes du processus de doublage. J'étais aussi assistante D.A sur ce projet, donc j'ai pu voir tous les comédiens qui ont été choisis, dont Gringe et Orelsan, les classiques quoi (rires). On avait quelques images, et 2-3 plans non finalisés, mais 95% du projet était déjà prêt, d'autant que Run avait déjà écrit 3/4 des textes.
Jet Suzuyaki (Jet) : Je me permets de poser une petite question, mais du coup, pour les textes de Mutafukaz, vu qu'il y avait une bande dessinée à l'origine, il y a eu besoin d'aller regarder les œuvres qui ont inspiré l'adaptation en long-métrage, ou c'est basé directement sur ce qu'a produit Ankama ?
J.B : Je vois. Merci beaucoup pour cette réponse claire, nette et précise, mais du coup, j'aimerais vous posez une question à propos du fait que vous êtes, par la suite, devenu directrice artistique à partir de 2018. Qu’est-ce qui vous a amené à cette nouvelle discipline dans le cadre du doublage ? Quelle a été votre première expérience en tant que DA ?
F.Y.H : Tu avais mentionné précédemment que j'avais fait un master en littérature, cinéma américain et phonologie, et des études plus poussées ensuite, mais en fait, c'est ce relationnel entre l'image et comment faire rentrer un texte dedans qui m'a toujours intéressé. Et , en tant qu'adaptateur, j'avais envie d'aller plus loin dans ce processus. J'avais envie de voir comment transposer un texte d'une langue à une autre, voire d'une culture à une autre à travers le texte mais aussi le sous-texte, le jeu, les intentions. Et j'adore ça ! Étudiante, j’avais décortiqué différents films, dont Fight Club, American Psycho, ou Ghost in the Shell, donc on partait déjà d'un bon début (rires). Mais du coup, une question se posait, comment faire pour qu'une personne d'une autre culture ressente la même chose qu'une autre personne de la même culture que le produit d'origine ? C'est ça qui me fascinait et qui me fascine encore, car c'est comme si vous expliquiez par exemple à votre grand-mère ou à n'importe qui "ah mais ça, c'est comme ça parce que machin". Et puis, j'étais aussi fasciné par le travail de Julien, et j'avais tellement envie de pouvoir être directeur artistique un jour. Et justement, un jour, cette occasion s’est présentée, grâce à un jeune homme qui m'a proposé gentiment "ça te dirait de tenter la direction artistique" et j'ai accepté. Et en fait, c'était Evangelion !!!
J.B : Evangelion a été votre toute première D.A ?
F.Y.H : J'ai travaillé avec Julien de temps en temps, mais oui, c'était ma première D.A officielle.
J.B : Je vois. Cela dit, avant de venir à Eva, j'aimerais vous poser 2-3 questions concernant certaines directions artistiques que vous aviez faites en dehors de l'animation japonaise, avec, pour commencer, la direction artistique des star-talents sur les dernières saisons de Rick et Morty ? Avez- vous rencontré des difficultés particulières en raison de l’inexpérience d'interprétation et de synchro des star-talents que l’on vous a demandé de diriger ?
Jet : Donc vous recherchez à faire les enregistrements de manière sympa, tout en essayant de faire du bon travail si je comprends bien...
F.Y.H : Exactement ! Après, c'est comme partout, il faut savoir gérer les égos, tu vois ce que tu peux en tirer et quand tu ne peux plus parce que tu sens une frustration en face et qu’on manque de temps, bah voilà, c'est comme ça. Et ce n'est pas valable que pour les stars-talents, c'est pour tout le monde. Quand tu atteins certaines limites, pour moi, tu ne vas pas au clash, ça n'a aucun intérêt. On peut s’expliquer mais dans le respect, c’est ce qui compte. Il faut rester professionnel. Après, on peut avoir des regrets sur certaines répliques, mais je ne me rends jamais malade pour ça. Du moins j’ai arrêté ! Ça reste du doublage, et je tiens toujours à faire du mieux que je peux. (Intonation de vieille dame) Parce que moi, les enfants, vous savez, j'ai vécu dans les années 80-90, et je peux vous dire que les doublages, ce n'était vraiment pas pareil. C'était bien marrant, on est bien d'accord, mais ce n’était vraiment pas très raccord avec la VO, c'est pour ça que l'on essaye d'être un peu plus fidèle maintenant, m'voyez (fin de l'intonation qui était très drôle par ailleurs mais ce n'est pas le sujet). Voilà, c'est tout.
J.B : Merci beaucoup. Sinon à part ça, en dehors de l'animation japonaise, enfin pas totalement, mais l’année dernière, vous vous êtes occupé de la direction artistique d’une série ô combien controversé, à savoir Cowboy Bebop, adaptation en live-action de la série anime éponyme, produit par Netflix et Christopher Yost. Qu’est-ce qui a pu vous amener sur ce projet, quelles en ont été les difficultés et quel souvenir en gardez-vous ?
F.Y.H : La seule chose que je retiens de cette série, c'est en un mot : dommage. Lorsqu'on m'a donné Cowboy Bebop, j'étais absolument ravi, j'avais hâte. Lorsque j'ai dirigé le doublage de la série, celle-ci était encore en post-production, je recevais donc des éléments alors que certains fonds verts n'avaient pas été remplacés, ça arrive d'ailleurs très souvent sur ce genre de projets. Mais du coup, j'ai vu ça, étant une grande fan de Cowboy Bebop, je savais que c'était très attendu.
Jet : C'est un classique en même temps !
F.Y.H : En même temps, pour un vrai fan des années 90, c'est un classique comme tant d'autres. Moi aussi j'ai ma Sailor préférée. C'est Sailor Jupiter ou personne (rires). Mais du coup en voyant le produit, je me suis dit, dommage. Mais comme je le redis, j'essaye de faire au mieux, c'est une série en laquelle je suis très attachée, j'ai essayé de retranscrire dans le doublage une certaine ambiance, mais après, les américains ont eu leur point de vue, ils en ont fait le produit qu'ils en ont fait, mais j'espère que dans notre VF, on s'en est bien sorti.
F.Y.H : Oh oui, oui, voilà...(rires). Mais c'est ça ! Cowboy Bebop, c'est une série qui parle du poids du passé : Qu'est-ce qu'on en fait ? Est-ce qu'on avance ? Ce que l'on a été auparavant définit-il forcément ce qu'on l'est aujourd'hui ? Tous ces questionnements et ses réflexions n'ont peut-être pas été abordées ou pas assez en profondeur dans la version américaine. Probablement que les producteurs voulaient y coller un cahier des charges plus "américain". J'ai quand même pu m'amuser à mettre 2-3 caméos de comédiens, faut les chercher par contre, mais vous pouvez entendre en ambiances et sur quelques petits rôles, Yann Pichon, Philippe Roullier, et...mince, je ne sais plus qui...
J.B : Bérangère Jean ?
F.Y.H : Voilà, Bérangère Jean. On ne les entend pas des masses, mais j'espère avoir fait plaisir aux fans. En revanche, pour Bruno Magne, c'était plus facile, car il faisait déjà Pierrot le Fou dans la série d'origine et que là, il colle toujours parfaitement, donc autant le reprendre dessus, me suis-je dis à ce moment-là. D'ailleurs, entre parenthèses, mais je l'ai bien fait suer dans Kaguya-sama (rires).
J.B : Mais du coup, peut-t-on parler de Nessym Guetat sur Vicious ?
F.Y.H : Mais Nessym, que dire ? Après avoir vu la boucle, il me disait "bon ben… on y va ?", et je lui répondais "bah oui, on y va" ! (rires). Mais de toute façon, à un moment donné, quand on a ce qu'on a à l'écran, il faut faire le saut de l'ange. Quand le personnage à l'écran en fait des caisses, pas le choix, il faut en faire de même en doublage. Mais voilà, Nessym, c'est quelqu'un de très talentueux, et aussi quelqu'un de très technique qui voit tout, c'est une véritable machine à doubler. Vous voyez le mème de la femme blonde qui regarde à droite à gauche et qui voit des formules mathématiques, bah ça, c'est Nessym.
J.B : Dire que nous autres, pauvres petits spectateurs des années 2000, on l'a découvert lorsqu'il doublait en Belgique...
F.Y.H : Ah mais je sais aussi, hein !!! Je sais ! Vous avez cru que je n'étais pas au courant pour Saiyuki et Pokémon !!! (rires). Mais vous rigolez, mais sur le plateau de Cowboy Bebop, je lui ai demandé s’il avait fait Genjô, il m'a répondu "oui." Parce que bon, Kaito Kid et Kaiba, c'est facile aussi, mais les vrais savent...
Jet : En tout cas, c'est bien la preuve qu'en Belgique, ce ne sont pas des sous-doubleurs comme le prétendent certains...
F.Y.H : Comment dire ? Ce ne sont pas des sous doubleurs, clairement. Mais il faut parler technico-commercial, et le doublage en Belgique, c’est moins cher qu'en France. Mais il faut le dire aussi, il peut y avoir des bons doublages en Belgique comme il peut y avoir des mauvais doublages là-bas, et idem en France. Après, il se trouve que pas mal de comédiens belges talentueux partent en France, en grande partie parce qu’ils sont mieux rémunérés. Et on commence à les compter. Pour ces comédiens, travailler et gagner sa vie avec un métier qu'on apprécie, et le tout, pas trop loin de sa patrie d'origine, c'est une opportunité professionnelle comme une autre à saisir. Et c'est valable aussi pour des comédiens français de province qui sont venus sur Paris, pas forcément pour du doublage d’ailleurs, comme Bruno Magne, qui vient du sud de la France. Il faut savoir qu'à la base, quand il est monté sur Paris, il avait d'après lui un accent du sud assez prononcé qu'il a réussi à gommer, et maintenant, il a la carrière qu'on lui connaît. Ce qu'on recherche en doublage, et ça, je le tiens de mon père spirituel du doublage qu'est Julien Kramer, c'est que les "é", c'est pas les "è". Qu'il faut dire "oui", et pas "uui", ou encore “notre” c’est pas “nôtre”. En doublage, on recherche un français qui soit le plus neutre possible, le plus académie française compatible possible. Combien de fois j'ai fait la remarque à de jeunes comédiens qui jouaient en disant "bonjour" avec un "e" prépausal, le fameux “bonjour-anh” ! L'objectif, en faisant ça, c'est comme lorsque je disais à Nessym d'en faire des caisses sur Vicious, c’est pour que ça soit cohérent, que ça rentre dans l'image et qu’on ne sorte pas de l’histoire à cause d'un accent trop marqué.
Jet : Justement, j'allais poser une question qui peut paraître bête, mais est-ce que c'est plus compliqué de doubler un produit que l'on apprécie beaucoup, comme Evangelion ou Kaguya-sama, qu'un produit qu'on ne considère pas comme étant qualitatif ?
F.Y.H : Quand je dirige un doublage, je veux qu'il soit le plus réussi possible, même si ce n'est pas un projet qui me touche particulièrement. Quand on m'emploie pour faire un boulot, on attend de moi qu’il soit fait sérieusement et professionnellement. Par exemple, récemment, j'ai eu l'occasion de m'occuper du film Dog, un film avec Channing Tatum, et donc avec Adrien Antoine en VF, et voilà, honnêtement, ce n'est pas ce genre de film qui me touche le plus, et pourtant, j'ai fait mon travail. Le truc, c'est que je ne veux pas manquer de respect au spectateur du produit dont je gère la version française, comme j'ai pu le voir dans certains produits que je regardais quand j'étais enfant. Dog, c'est l'histoire d'un ancien soldat qui a fait la guerre en Irak et qui est victime d'un syndrome post-traumatique. Un jour, il doit s’occuper d’un chien et le transporter sur plusieurs milliers de kilomètres. Eh bien, certes, ce n'est pas forcément ma came, mais peut-être que dans le public, il y aura un soldat, un maître-chien de l'armée française, je sais pas, qui est cinéphile et qui a un chien, et qui va regarder ce programme. Et ce gars-là, je veux qu'il se plonge dans ce qu'il regarde. Au nom de quoi je pourrais dire : “Bof, le produit ne m’intéresse pas plus que ça, bon ben on va faire ça vite fait, j’ai apéro après…” On me demande de faire une VF, eh bien, je la fais avec sérieux et rigueur mais dans la bonne humeur et avec les moyens à ma disposition. Même si c'est un film qui ne me touche pas forcément, je vais faire des recherches, et je vais y aller [...]. Je veux rendre la VF la plus propre possible, je veux tirer le maximum des comédiens et des textes à ma disposition, voilà ! En plus, au final, le film est plutôt sympa à regarder.
J.B : Je vois. C'est très intéressant ce que vous dîtes. Mais du coup, après tous ses détours, et si nous parlions de votre toute première direction artistique, à savoir celle du redoublage de la série animé oméga culte, c’est le mot pour nombre d’otaku, Neon Genesis Evangelion, ainsi que des films Death and Rebith et The End of Evangelion, que vous aviez effectuée pour Netflix chez VSI Chinkel. Comment vous êtes-vous retrouvé embarqué dans un tel projet ?
F.Y.H : Alors...tout a commencé alors que je bossais encore sur True Détective. En effet, pendant mon travail sur la série, j'ai pu croiser un chargé de prod du studio. Du coup, je viens le voir, et je vois tout de suite une image d'Evangelion. Je suis donc là, en grosse weeb, à lui dire que c'est Evangelion et à geeker dessus. Le chargé de prod me regarde bizarrement, sachant qu'il s'attendait sûrement à ce que je lui pose une question sur True Détective… Rien à voir quoi ! Et du coup, je suis là à lui parler de la série, de pleins de détails et tout, et à le supplier quasiment de confier cette série à quelqu'un qui s'y connaît ! Mais au départ, je n’aurais jamais espéré que ce serait moi ! Et finalement, le chargé me propose de le faire. Et, après un petit moment d'hésitation, je réponds "oui, carrément". Quand je reçois le mail quelques jours plus tard, je me suis dit: “T'es complètement folle d’avoir accepté, mais t'es parfaitement parée, allez hop, 26 épisodes et 2 film à faire doubler, challenge accepted!”. Et effectivement, quand j'ai reçu le produit, ça a été un vrai défi, parce qu'à la base, je devais changer tout le cast.
J.B : Vraiment tout le casting du 1er doublage ?
F.Y.H : Oui, absolument tout le casting, ils voulaient remettre tout à zéro sur la licence. Mais le problème, c'est que si j'avais fait ce qui avait été décidé, eh bien, je savais que des fans auraient pesté contre l’absence de Donald Reignoux.
F.Y.H : C'est vrai, mais à ce moment-là, je m'étais dit "tant pis, je prends le risque". Et finalement, plutôt que de ne garder que la voix de Shinji, j'ai décidé de reprendre aussi Laurence Bréheret sur Misato, car je considérais qu'elle et Donald Reignoux étaient les deux voix emblématiques d'Evangelion. Pour Rei et Asuka, je me suis dit que finalement, je pourrais peut-être aller encore plus loin que ce qui avait été fait dans le 1er doublage avec les comédiens choisies à l'époque, notamment dans la dichotomie entre le feu et la glace, celle qui est calme face à celle qui est bouillonnante, je me suis dit que je pouvais accentuer ça encore davantage que ce qui avait été fait auparavant. Je précise que je ne savais pas encore à ce moment-là que l'ancienne comédienne d'Asuka (ND d'UniversJB : Marjolaine Poulain) était à la retraite. Mais du coup, j'ai dû aller expliqué ma démarche, en disant qu'il valait mieux garder les voix habituelles de Shinji et Misato, et que pour le reste, je ferai un nouveau casting. Et ils ont accepté.
Jet : Marie Nonnenmacher sur Maya Ibuki, même si ce n'est pas un grand rôle...
F.Y.H : Ah oui, c'est vrai, mais elle, je l'aime beaucoup. Le côté cheveux court, garçonne gentille, mimi et investi, c'était une évidence (rires). Sinon, il y avait aussi Benoît Du Pac, pour le côté cool, Taric Mehani pour le côté calme, réfléchi, un peu nerd à lunettes, et enfin Julien Kramer dans le rôle de papa exigeant, impitoyable et sans filtre (rires).
J.B : Il y a quand même pas mal de symboliques cachées dans ce doublage quand même, entre ça et un certain Kaworu interprété par...Alexis Tomassian !!!
Jet : Oui parlons-en de Tomassian !!!
F.Y.H : Oh bah celle-là, c'était plus qu'évident. C'était le meilleur easter egg que je pouvais faire à tous les voxophiles. Toutes les fanfics qu'ils voulaient avoir entre Reignoux et Tomassian, je leur sers sur un plateau d'argent. Mais sinon, qu'est-ce qu'il est gentil Alexis ! Et niveau doublage, c'est une bombe atomique. Il est capable de faire des personnages super-énervés, mais en même temps, il peut jouer les calculateurs narcissiques comme dans Death Note, il peut vraiment tout faire. Sinon, en autre comédien dont j'aimerais parler, il y a Marie Chevalot sur Ritsuko Akagi, que je ne connaissais absolument pas, y compris avant le doublage. Pour vous dire, à la base, ça ne devait pas être elle sur le rôle, ça devait être une autre comédienne, et sur laquelle j'étais partie en premier, avant que celle-ci me dise qu'elle n'était pas disponible au moment de l'essai. Et je ne le regrette pas ! On s’est tout de suite très bien entendu ! Par exemple, sur le plateau quand on enregistrait, je lui disais souvent, qu'il fallait qu'on sente la jupe en cuir sous la blouse. Parce que si vous regardez bien Ritsuko, vous verrez qu'elle a une jupe en cuir sous la blouse (rires).
Jet : Effectivement. Après, c'est pas pour fayotter parce qu'on est devant vous, mais franchement, félicitations pour ce doublage. Il est vraiment excellent [...]. Et pour vous dire, lorsque j'ai vu le film, je me suis dit "mais c'est le doublage parfait, personne ne pourra faire mieux !".
F.Y.H : Je vous remercie sincèrement pour vos retours, ça me fait chaud au cœur. J'ai tellement sué pour le faire ce doublage, notamment le film. D'ailleurs, j'y pense comme ça, mais il faut que je vous raconte ce qui s'est passé avec Émilie Rault sur ce film. Quand elle hurle plusieurs fois "je ne veux pas mourir", on l'a refait 4 fois de suite, non pas parce que c'était mauvais, loin de là, mais parce qu'elle faisait péter la pastille, le préamp buggait. Quand on a fini les enregistrements sur Asuka, où elle était impliquée à 200 %, je lui ai dit "Mon dieu, mais comment vais-je pouvoir te rendre à ton fiancé après ce que tu as fait ?", elle était en pleurs comme Asuka à l’écran. Pas étonnant qu'elle soit aussi excellente dans le film, et qu'on y croit. D'ailleurs, c'est occasion de préciser une chose qui n’a un peu rien à voir, mais que j'aimerais mentionner. Quand je reçois un animé, je reçois un projet, une œuvre. Il se trouve que ce projet est en animation ou sous forme de dessins animés. Au-delà de ça, ce sont des personnages, ce sont des dynamiques, ce sont des relations. Et à partir de ça, je me base là-dessus. Lorsque j'ai commencé les enregistrements du doublage d'Evangelion, le tout premier jour, j'avais José Luccioni. José motherfucking Luccioni {sic}. Une icône, une sommité du métier que j'adore. En même temps, vous me direz, je l'ai cherché, c'est moi qui l’aie casté. Ce que je veux dire, c'est que je ne prends pas forcément des comédiens habitués de l'animation, des classiques ou pas classiques, je m'en moque, je prends avant tout des personnalités qui ont une sensibilité qui correspond au personnage, et c'est tout. C'est pour ça que j'ai pris José Luccioni sur le grand méchant (Note d'UniversJB : Lorenz Kiele, le patron de la SEELE) ou encore Julien Kramer sur Gendo. Quand je fais doubler Kaguya-sama, eh bien je le double comme si c'était une sitcom, parce que concrètement, excepté le fait que ce soit en animation, la série reprend des codes des sitcoms, notamment la notion de rythme ou encore le fait d'avoir des personnages contrastés par exemple. Lorsque je prends un comédien, je prends la personne qui colle le mieux. Point. Mais j'ai l'impression qu'on est de plus en plus de D.A à vouloir diversifier le casting et proposer des rôles à des comédiens pas forcément habitué à ce médium, je pense notamment à Damien Ferrette sur la VF de Great Pretender par exemple, ça change vraiment de d'habitude je trouve, j’adore cette VF.
J.B : Mais en même temps, Great Pretender, c'est une VF excellente. J'ai vraiment eu un grand plaisir à regarder cette série dans sa version française.
Jet : Pareil pour moi, et en même temps, Martin Faliu est génialissime sur Edamura.F.Y.H : Ah bah je suis totalement d'accord avec vous. Et puis, voilà, Martin quoi !!! [...]
Remerciements :
- Fouzia Youssef-Holland, pour avoir accepté gracieusement cet interview.
Lien de son compte Twitter :
https://twitter.com/whitefoxstar
- Jet Suzuyaki, pour m'avoir grandement aidé avant et pendant l'interview, en participant notamment au jeu des questions-réponses.
Lien de son Twitter :
https://twitter.com/ClementLenoir70
- Mart', WizzLight et Gabriel Wattier (Gigo), pour leur soutien et leurs retours sur l'interview en avant-première.
Et bien c'est parti pour mon premier commentaire sur ton blog : très bel interview et parcours toujours très intéressant sur quelqu'un officiant dans le monde du doublage !
RépondreSupprimerJ'ai entamé la lecture un peu tard du coup il me reste certains paragraphes à lire ici et là, mais j'aime beaucoup l'expérience qu'on peut retirer de Yossef-Hollande et je me surprends même à la voir travailler là ou je m'y attendais pas forcément. Et vos interactions sont vraiment très agréable et fluide à lire et à découvrir (notamment sur la volonté de trouver des comédiens pratiquant un français le plus neutre et académique possible pour les besoins du doublage), surtout concernant la partie sur la version live de Cowboy Bebop (personnellement, j'ai détesté : l'animé de base étant dans mon top 10 de mes séries préférés je cache pas que ce que la version live en a fait m'a pas mal horripilé).
Après, perso, si la VF de Great Pretender est très bonne (et que revoir Benjamin Pascal sur un rôle principal m'a fait plaisir), je suis bien moins fan de la série en elle-même mais ça, c'est une autre histoire.