Signé Cat's Eyes, un excellent vieux doublage d'animé ?
Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans le retour tant attendu de mes critiques de VF. Aujourd’hui, encore une fois, on reste dans le cercle otaku, mais en visant un peu plus le grand public qu’à l’habitude, avec, encore une fois, une vieille série animée. Après avoir parlé notamment de la VF de Ranma 1/2, et avoir noté qu’il s’agissait d’une VF assez moyenne typique de son époque, je me suis interrogé sur la question de « typique de son époque ». Car oui, par rapport à quels doublages produits durant la même période peut-on dire que celui de Ranma est typique ? Par rapport aux doublages de la SOFI ? Ou alors par rapport aux doublages produits par AB Productions ? Sauf qu’en faisant ça, j’oubliais un point important, à savoir qu’AB n’avait absolument pas le monopole de la distribution d’animé, que ce soit à la fin des années 80 ou au début des années 90, et que tous les doublages de séries d’animation japonaise ne se faisaient pas systématiquement à la SOFI durant cette période, y compris chez AB qui pouvait faire appel parfois à d’autres studios de doublage. De ce fait, de par mon précédemment manquement, et aussi par curiosité, il me fallait trouver le contre-exemple idéal, et quoi de mieux à ce niveau que la VF de Cat’s Eye. Ce n’est pas distribué par AB, ce n’est pas doublé à la SOFI, ça semble respirer la qualité d’après les quelques avis qu’on peut entendre à droite et à gauche, alors allons-y ! Aujourd’hui donc, rendez-vous avec les sœurs Chamade dans leur quête pour retrouver les peintures de leurs pères, et dans notre cas pour voir si Signé Cat’s Eyes est une VF excellente qui prouve qu’il était possible de faire beaucoup mieux à cette époque en matière de doublage d’animée japonais.
Fiche Technique
MANGA D’ORIGINE
Auteur : Tsukasa Hojo
Date de publication du premier tome : Avril 1982 (Japon)/Septembre 1998 (France)
Maison d’édition du manga : Shueisha (Japon) / Tonkam (Expiré) et Panini (France)
Nombres de tomes disponibles : 10 (Anciennes éditions) / 15 (Rééditions) — Parution terminée.
SÉRIE ANIMÉE
Réalisateur : Yoshio Takeuchi (saison 1)
Kenji Kodama (saison 2)
Character-Design : Akio Sugino (saison 1)
Satoshi Hirayama (Saison 2)
Musiques : Kazuo Otani
Studio d'animation : Tokyo Movie Shinsha
Comité de Production : Shueisha
Tokyo Movie Shinsha
Distributeur en France : IDDH (Expiré) - AB Productions (Expiré) - IDP (Expiré) - Alltheanime
Disponibilité : VHS/DVD/Bluray, ainsi que la SVOD (ADN, MyTF1)
DOUBLAGE FRANÇAIS
Studio : Dovidis, S.O.F.I (Redoublage des épisodes 15 et 31)
Lieu d’enregistrement : ???
Date d’enregistrement du doublage : 1986 (Doublage d’origine)
Septembre-Octobre 1996 (Redoublage)
Directeur artistique : Frédéric Girard
Adaptation des dialogues : Marie-Hélène Bour et ??? (Doublage d’origine)
Vincent Szczepanski (épisodes redoublés)
COMÉDIENS PRINCIPAUX DE LA VERSION FRANÇAISE
Marie-Laure Dougnac
Tamara "Tam" Chamade (Hitomi Kisugi en VO)
Pierre Laurent
Quentin Chapuis (Toshio Utsumi)
Geneviève Taillade
Sylia Chamade (Rui Kisugi), Odile Assaya (Mitsuko Asatani), rôles féminins diverses
Annabelle Roux
Alexia "Alex" Chamade (Ai Kisugi)
Laurent Hilling
Commissaire Bruno (le chef), Monsieur Durieux (Sadatsugu Nagaishi)
Serge Bourrier
Commissaire Bruno, Monsieur Durieux (Redoublage des épisodes 15 à 31)
Rolande Forest
Odile Assaya (Pour sa première apparition à l'épisode 5)
Frédéric Girard, Jean-Pierre Denys, Jean-Pierre Malardé, Jean-Louis Faure et Raymond Baillet
Rôles masculins divers
Dany Tayarda, Catherine Davenier
Rôles féminins diverses
Disponibilité de la VF : Tous supports confondus. Le doublage original des épisodes 15 et 31 n’est cependant pas disponible ni en support physique, ni sur les dernières diffusions TV et SVOD, qui ne propose que le redoublage de 1996 pour ces épisodes. Cela dit, à l’époque de l’exploitation des droits TV par AB, certaines diffusions sur Teva et sur la chaîne Mangas (y compris la mise à disposition temporaire des épisodes sur la chaîne YouTube) proposaient le doublage d’origine de ces épisodes. Ce doublage d’origine a cependant été conservé grâce à des enregistrements TV d’époque réalisées par des fans.
Avant-propos
Pour comprendre dans quoi la VF de Cat’s Eye s’inscrit et comment celle-ci, ainsi que la série elle-même, ont pu marquer bon nombre de spectateurs, il nous faut remonter au beau milieu des années 80. À ce moment-là, l’animation japonaise occupe déjà une petite place dans le cadre des émissions jeunesse. En effet, depuis 1978, et le succès d’audience colossale de Récré A2 sur Antenne 2, avec Goldorak, Albator (la série de 1978) et Candy, l’animation japonaise a su se faire une place, grâce aux fortes audiences TV qu’elle permettait pour un cout au final assez faible. Très vite, TF1 décida de suivre le mouvement, en achetant quelques séries, que ce soient des versions américaines remontées de séries japonaises, comme La Bataille des Planètes (Gatchaman), mais aussi notamment l’adaptation animée de Rémi sans Famille par Osamu Dezaki qui fut acheté directement à Tokyo Movie par la chaine. Cependant, de son côté, FR3 était dans une situation pas très confortable. Bien qu’elle achetait différentes séries animées plus ou moins françaises comme Ulysse 31 ou la série « il était une fois » (qui était animé en partie chez les studios japonais Tatsunoko, mais c’est un autre sujet) sous le label FR3 « Jeunesse », en plus de quelques séries animées japonaises comme Bouba, elle avait du mal à faire fasse au rouleau compresseur qu’était devenu l’émission Récré A2. Cette situation s’aggrava à partir de 1984-1985, avec l’arrivée de Canal+, mais surtout celle de la Cinq, qui débarquait avec tout le catalogue de séries d’animation de Fininvest. Ainsi, pour faire face à cette concurrence nouvelle des chaines privées, FR3 s’intéressa au créneau du dimanche après-midi en le confiant à une seule société chargée de produire une émission incluant des dessins animés à l’intérieur de celle-ci, et cette entreprise, c’était IDDH.
Pour ceux qui n’ont pas vu la rétrospective des VF Lupin III, IDDH, c’était le distributeur auprès duquel FR3 avait acheté quelques années auparavant les droits de diffusion de la seconde série Lupin III, rebaptisé Edgar, Le Détective Cambrioleur. Ainsi, suite au contrat conclu avec FR3 pour la case du dimanche après-midi, une grande partie du catalogue de dessins animés d’IDDH se retrouva diffusé dans cette nouvelle émission, baptisé Amuse 3, et ce, avec quelques séries inédites, dont justement Cat’s Eye. D’ailleurs, à propos de la première diffusion débutée en septembre 1986, et qui avait lieu à 18H55, juste après la coupure du à la diffusion du journal de l’outre-mer RFO Hebdo, nous pouvons noter que le générique français de début et de fin différait sur la première fournée d’épisodes, avec l’utilisation respectivement de l’opening et de l’ending japonais de la 2de saison, aux images assez osées (bien qu’assombri volontairement par IDDH). Par la suite, lors de 1re diffusion de la saison 2, un autre générique de début et de fin, plus court et constitué de montages divers des épisodes, fut créé, certainement afin d’éviter des problèmes vis-à-vis des parents et des responsables de la chaine. Quoi qu’il en soit, la série reçut un très bon accueil des téléspectateurs, si bien qu’elle fut rediffusée en 1988, 1989 et 1991, toujours dans Amuse 3. Cependant, en septembre 1991, l’émission s’arrête, et les droits de Cat’s Eye et de sa VF retournent entre les mains de TMS. Cependant, en 1993, AB rachète les droits de diffusion et les conservent bien à l'abri, jusqu'à la nouvelle diffusion sur FR3 devenue entre-temps France 3, cette fois-ci dans les Minikeums, en 1997. C’est à cette occasion qu’un redoublage fut effectué pour les épisodes 15 et 31, à la S.O.F.I, avec une grande partie du casting d’origine, car TMS avait perdue leurs copies du doublage de ces épisodes, obligeant AB à effectuer un redoublage sur ces épisodes. On peut aussi noter qu'un nouveau générique, toujours avec la chanson française, mais avec un montage différent, fut crée pour l'occasion. C'est celui qui est utilisé encore aujourd'hui dans les diffusions TV récentes (bien qu'il ait été refait avec le master HD).
Quand Tam se rend compte qu'il va falloir redoubler des épisodes !!! |
Cela étant, suite à la diffusion France 3 de 1996, la série fut également diffusée sur France 2, dans DK.TV, puis sur TMC, dans Récré Kids, sur la chaîne Mangas, ou encore sur France 5 en 2004, dans Midi les Zouzous (avec quelques coupes sur certains épisodes, d’après certains témoignages que j’ai pu entendre sur différents forums). Entre temps, la série avait eu aussi droit par le passé à quelques éditions vidéos, d’abord de quelques épisodes en VHS à l’époque de la diffusion, chez Billy Clap Vidéo, Canal Junior ou encore Fil à film, avant d’avoir une intégrale VHS en 2000, chez Dynamic Visions, puis une intégrale DVD en 2003 chez IDP, accompagnée d’une édition « collector » parue en 2006. À noter que Alltheanime a proposé la série en DVD et Bluray en 2014 avec, pour la 1re fois le master HD remastérisé par les équipes de chez TMS. De leur côté, et ce, jusqu’à l’expiration des droits de diffusion en 2018, AB a proposé également un master HD destiné à la télévision et la SVOD avec pour l’occasion, une version française restaurée par les équipes d’AB, et la version française d’origine pour les épisodes 15 et 31. Cette version a été diffusée sur la chaîne Teva en 2016, ainsi que sur la chaîne Mangas et sur leur chaîne YouTube. Cela étant, l’année suivante, la série arriva sur ADN, puis chez TF1 via TFX, avec un autre master HD et le redoublage pour les épisodes 15 à 31. Bref, Cat’s Eye, malgré le fait que la série n’est pas une communauté de fan extrêmement active, peut cependant se targuer d’avoir une réputation de série culte, de par ses nombreuses rediffusions qui l’ont fait connaître à un public de petits enfants devenus grand, et ce, quel que soit la décennie. Mais me direz-vous, est-ce que la VF de cette série est à la hauteur de la réputation ? Eh bien voyons cela de suite...
Une adaptation excellente pour l’époque
S’il y a bien un point souvent souligné par les plus grands amateurs du doublage de cette série, ce sont bel et bien ces dialogues. Et à ce jeu-là, difficile de dire du mal de ceux-ci, pour la simple et bonne raison qu’ils sont à la fois atypique par rapport à d’autres doublages d’animés de l’époque, dans le très très bon sens du terme, mais surtout et par-dessus tout extrêmement vivant. En effet, la VF de Cat’s Eye n’est pas édulcorée comme pouvais l’être occasionnellement bien des doublages de séries animées à ce moment-là, bien au contraire, puisqu’on ne peut que remarquer au visionnage, que ce soit pour la première comme la seconde saison, l’utilisation de pas mal de mots d’argot, voire de petites insultes qui sont placées parfois dans l’adaptation. Mais lorsque l’on fait cela en général, que ce soit hier comme aujourd’hui où c’est désormais peut-être un petit peu plus courant, il faut que cela soit placé judicieusement au sein des épisodes pour ne pas que cela fasse gratuit et mal placé. Heureusement ici, ce n’est pas le cas, et c’est là la plus grande force de l’adaptation. Nous ne sommes pas face au doublage des téléfilms de Futurama où n’importe quelle insulte est rajoutée n’importe comment sans cohérence. Ici, Marie-Hélène Bour, mais aussi d’autres adaptateurs dont nous ne connaissons hélas pas les noms, ont finement choisi les moments où ils pouvaient se le permettre. Que Alex parle de temps à autre en verlan voire avec de l’argot ? C’est tout à fait normal, elle est la cadette de la fratrie, on peut supposer qu’elle a l’habitude de parler ainsi, notamment avec ses copains au lycée, au contraire de ses 2 sœurs qui parlent un langage plus normalisé, à raison. Idem pour les méchants qui se succèdent tout au long de la série, qui parlent de manière assez familière, voire carrément insultante, à l’occasion vis-à-vis de ceux qu’ils croisent, mais sans que cela ne soit mal placé, puisque ce sont... des méchants justement. Quant aux policiers, notamment les dialogues tournant autour de Quentin et de Bruno, les piques que les deux se font réciproquement à chaque épisode, plus ou moins accompagné par l’intervention d’Odile, sont particulièrement bien trouvés à chaque fois, bien aidée par le jeu des comédiens qui se donnent à 100 % lors de ses scènes (nous y reviendrons). Bref, vu sous ce jour, et en rajoutant le fait qu’on ne retrouve aucun souci d’incohérence interne entre les épisodes, on pourrait se dire que l’adaptation des dialogues de la VF de Cat’s Eye est parfaite.
Cela étant, quand on creuse d’un peu plus près, on peut noter cela dit un petit défaut mineur qui vient un peu noircir le tableau de ce doublage, sans remettre en cause sa qualité évidente. Ce défaut en question, c’est la question de la localisation des noms, prénoms et de certains termes qui peut-être considéré comme un peu maladroite. En effet, si la VF de la série assume que toute l’action se passe au Japon (sauf au début de l’épisode 1 de la saison 2 où les sœurs Chamade sont à Paris en VO et où la VF suit ce choix) et que le scénario de la série peut justifier éventuellement les noms francisés des sœurs, on peut se poser la question cependant des autres noms francisés, mais aussi du commissariat où travaille Quentin, qui ait considéré, en VF, comme faisant partie de la BRB (Brigade de répression du banditisme). Le choix de citer le nom de cette institution n’est pas bête en soi dans la mesure où ça parle clairement au spectateur français qui regarde la série, mais tout cela, ainsi que les francisations, créer en contrepartie de cela un décalage de perception pour les spectateurs français d’aujourd’hui qui peut voir la version intégrale de la série et qui ne sait pas sur quel pied danser. Pour vous donner une idée, imaginez l’adaptation d’une série animée japonaise « façon Ace Attorney », mais en inversé, où la version française dit que l’action se passe au Japon, où l’on peut voir à l’image énormément de textes japonais en kanji et/ou romaji, mais où vous vous retrouvez en regardant la VF à entendre 3/4 des termes spécifiques typiquement français qui vous font vous demander si l’action se passe bien au Japon. C’est un peu cavalier dit comme ça, mais ça correspond bien au doublage de Cat’s Eye. Ce n’est certainement pas un choix simple qui a dû être fait par le ou les adaptateurs, et à l’évidence, entre utiliser des termes japonais qui aurait fait décrocher les spectateurs du visionnage, et franciser voire flouter certains éléments pour mieux parler au public, quitte à troubler partiellement la cohérence de l’univers, ces derniers ont fait le second choix, de leur plein gré, ou par décision du distributeur, IDDH. En tout cas, c’était un point intéressant de traduction qui peut-être éventuellement considéré comme un défaut de cohérence de la version française, mais qui est paradoxalement un choix qui partait d’une bonne intention, et qui participe malgré tout à la qualité du doublage. Comme quoi, ce point-ci est la meilleure preuve du célèbre adage « Traduire, c’est trahir ».
L'épisode 17 est l'un des épisodes les mieux adaptés à mon humble avis... |
Voilà donc pour ce que j’avais à dire sur l’adaptation des dialogues de ce doublage, qui transpire la qualité et la volonté de bien faire, en dépit d’un petit défaut qui saura se faire pardonner par la plupart des personnes, puisqu’il participe à la compréhension de l’œuvre pour les néophytes. Cela dit, il y a un second point d’adaptation que je me réserve toujours le soin de développer plus tard, à savoir l’adaptation des deux épisodes redoublés (redoublage de ces épisodes qui sont les seules disponibles dans le commerce désormais). Mais avant d’en arriver là, j’aimerais traiter un petit peu de la direction artistique et des comédiens, car l’air de rien, il y a énormément de choses à dire à ce niveau qui peut expliquer le succès de cette version française...
Des comédiens indéniablement talentueux et impliqués
Alors alors-y, parlons peu, mais parlons bien de cette direction artistique ! Frédéric Girard, pour sa toute première direction artistique d’une série animée étrangère (il dirigeait en même temps la création de voix sur la série animée française Moi Renart pour IDDH également), s’est particulièrement bien débrouillé. En effet, non seulement il suit l’adaptation des textes sans aucun problème, mais il prend particulièrement au sérieux ce doublage, en choisissant d’excellents comédiens placés sur les rôles qui leurs correspond très bien, le tout, en les dirigeant bien la quasi-totalité du temps, à l’exception peut-être de l’épisode 1 où il a un peu de mal à prendre ses marques, ce qui se ressent par le jeu des différents comédiens qui sont en demi-teinte et pas toujours aussi énergiques que ce que l’on aura par la suite. Cela dit, dès l’épisode 2, tous les comédiens sont à l’aise dans leur rôle, et ce, jusqu’à la fin de la série. Il a donc très bien compris la série et a manifestement très bien su comment s’en occuper, tout en s’entourant de très bons comédiens.
Justement, parlons-en de ces comédiens, en commençant par le trio des sœurs Chamade, Tam, Alex et Sylia, doublé respectivement par Marie-Laure Dougnac, Annabelle Roux et Geneviève Taillade. Il y a pas mal de choses à dire, d’autant plus que ces comédiennes jouent plusieurs rôles tertiaires sur certains épisodes. Parlons tout d’abord de Marie-Laure Dougnac sur Tam. Clairement, elle a le timbre de voix qui correspond parfaitement au personnage. Elle arrive à naviguer parfaitement entre les scènes d’interactions avec ses sœurs, les scènes de cambriolage ainsi que les moments plus intimistes, et souvent assez burlesques, avec Quentin, son fiancé, qui fait partie de la police et qui a juré de demander la main de Tam le jour où il arrêtera Cat’s Eye. En ce qui concerne ses rôles secondaires, nous pouvons noter son interprétation du personnage de Poupette, dans l’épisode 22, qui est une enfant, et où elle prend le timbre de voix qu’elle donnait notamment à Jim Hawkins dans l’adaptation animée de l’Île au Trésor. Elle utilise d’ailleurs ce même timbre de voix, ou bien sa voix naturelle également, pour quelques ambiances de temps à autre tout au long de la série. Bref, elle a fait de l’excellent travail et c’est toujours plaisant de l’entendre, même par-ci par-là en ambiance. Il en va de même d’ailleurs pour Annabelle Roux sur Alex, qui nous propose une excellente interprétation tout au long de la série, du moins dans le doublage d’origine. Elle a très bien compris le personnage et sait très bien interpréter le côté malicieux et très intelligent du personnage, tout en sachant très bien jouer lors des interactions avec ces sœurs où Alex fait figure de « garçon manqué » du trio. En ce qui concerne Genevièvre Taillade sur Sylia, cela dit, je ne serais pas aussi positif bien que cela reste tout à fait honorable. Ce n’est pas tant au niveau de son interprétation de Sylia et d’Odile que j’ai quelque chose à lui reprocher, après tout elle est excellente et arrive à donner deux timbres de voix assez différents pour qu’on puisse bien les distinguer. Non, j’ai plutôt des soucis davantage en ce qui concerne ses rôles féminins tertiaires, tout au long de la série, où elle est régulièrement sur utilisé, bien qu’elle arrive la plupart du temps à s’en sortir en maquillant bien sa voix. Pour le coup, c’est certainement dû au budget comédien qui n’était pas extensible et on ne peut donc pas vraiment lui en vouloir. Cela dit, si vous regardez la série tranquillement, ce ne sera qu’assez peu gênant au final si vous n’y prêtez pas attention puisqu’elle ne double pas plus de 2 voire quelquefois 3 personnages sur le même épisode. Ce constat un tout petit peu mitigé pour Geneviève, qui ne remet absolument pas en cause sa prestation, je n’ai pas grand-chose à dire concernant les comédiennes tout au long de la série, si ce n’est qu’elles arrivent systématiquement à proposer de très bonnes interprétations sur leurs personnages, sans que cela ne fasse tache.
Cela étant, au-delà du trio de voleuse, il nous faut voir également le cas des policiers de la BRB, mais aussi de Monsieur Durieux, et à ce niveau, une fois de plus, le doublage nous propose d’excellentes interprétations des comédiens, je pense surtout à Pierre Laurent sur l’inspecteur Quentin Chapuis. C’est pour moi l’énorme point fort de ce doublage. Il est tout simplement génial sur son personnage, et il maîtrise tout ses aspects, que ce soit son côté un peu bête de temps à autre, tout comme le sérieux qu’il a envers sa relation avec Tam, mais aussi dans l’exercice de sa mission de policier. On adore le suivre dans ses péripéties pour arrêter Cat’s Eye, notamment vers la fin de la saison 1 où il devient particulièrement rusé et commence petit à petit à comprendre les raisons des cambriolages du trio de voleuses, ce qui se traduit par un jeu plus posé de Pierre Laurent. Je me répète, mais il est génial, tout simplement. Tout comme Laurent Hilling d’ailleurs dans une certaine mesure. Ce dernier a droit à deux rôles assez différents, à savoir celui du Commissaire Bruno est-ce que ce nom francisé serait une référence à Bruno René Huchez ? Je vous laisse le soin de théoriser là-dessus, mais aussi le rôle de Monsieur Durieux, confident et complice des sœurs Chamade. Comme Geneviève Taliade, il sait très bien distinguer ses deux personnages, en accentuant le côté posé de Monsieur Durieux, et en donnant une voix plus nasillarde au commissaire, ce qui est bien aidé par les caractères diamétralement opposés des deux personnages. Bref, il arrive à être plus ou moins méconnaissable durant l’ensemble de la série, tout en nous offrant pour les deux une excellente prestation, notamment sur le commissaire Bruno où on sent qu’il s’amuse beaucoup sur le rôle, notamment dans les scènes de disputes avec l’inspecteur Quentin où il se donne à 100 % pour notre plus grand plaisir. Bref de l’excellent également.
L'épisode 35 est vraiment un de mes épisodes préférés avec Pierre Laurent |
Ce petit point achevé, nous pouvons dire que les comédiens se débrouillent extrêmement bien sur cette série. L’adaptation a certainement pu y contribuer, mais il y a sans aucun doute eu une bonne intelligence de la direction artistique, ainsi que des comédiens talentueux et professionnels qui ont su faire les bons choix afin de permettre à ce doublage d’être aussi bien. Cela dit, est-ce que cela a aussi été le cas lors du redoublage des épisodes 15 et 31 en 1996 ?
Un redoublage partiel et au combien controversé
Il fallait bien en parler un moment ou un autre de ce redoublage, présents sur toutes les éditions vidéos actuelles, d’autant qu’un mot le résume assez bien : FADE.
Cela dit, on ne peut que saluer l’effort d’AB et de la S.O.F.I à l’époque d’avoir rappelé une grande partie du casting d’origine. Mais malgré ses efforts indéniables, la sauce n’a pas pris sur moi lors de mon visionnage, mais aussi pour pas mal de monde d’après les nombreux retours de spectateurs qui demandent encore aujourd’hui le retour du doublage d’origine plutôt que ce redoublage. Pourquoi cette réaction de ma part, mais aussi de beaucoup d’autres ? Voyons-le dès à présent !
Le premier point qui chagrine sur ce redoublage, c’est incontestablement l’adaptation. Loin de moi l’envie de dire du mal du travail de Vincent Szczepanski, qui est au final assez correct quand on y réfléchit. Sauf que voilà, son adaptation des dialogues est finalement beaucoup trop fade. On ne retrouve pas les petits coups de génie qu’avaient les textes des dialoguistes de Dovidis à l’époque, et qui rendait ce doublage si appréciable. De plus, le langage a été particulièrement lissé afin, certainement, d’éviter des polémiques sur le parler de certains personnages, c’est notamment le cas dans l’épisode 31 où ce lissage des dialogues est très perceptible en comparaison avec les autres épisodes doublés qui sont toujours proposés avec le doublage d’origine. On sent que cette adaptation a dû être faite dans des délais assez serrés, sans informations par rapport aux adaptations précédentes, et manifestement dans des conditions assez moyennes, d’où ce résultat, qui à défaut d’être extrêmement mauvais, est vraiment moyen. Pas mauvais, car il n’y a pas vraiment de problème vis-à-vis de la VO ou d’incohérence avec les épisodes traduits par l’équipe précédente, mais voilà, on sent que ce n’est pas le même adaptateur et que ça n’a pas été fait ni à la même époque ni dans les mêmes conditions et encore moins avec la même qualité. C’est une traduction qui fait le « service minimum » si je puis dire, pas médiocre, mais sans grande folie. En entendant cela, on ne peut que se demander pourquoi n’avoir pas rappelé les adaptateurs également, en plus des comédiens...
Moi et pleins d'autres en voyant la qualité discutable de ce redoublage |
Enfin pour ce qui est de la direction artistique, pas grand-chose à dire dessus puisqu’on ne sait absolument pas qui a dirigé les comédiens. On peut supposer qu’il s’agissait certainement d’un des comédiens sur le plateau à ce moment-là, comme en avait l’habitude la S.O.F.I., mais sans info officielle, difficile d’affirmer ou au contraire d’infirmer, l’énigme reste complète. Quoi qu’il en soit, cette personne ne semble manifestement pas avoir compris ce qu’elle doublait au vu du résultat qui ne convainquit manifestement personne, moi compris.
Ça y est, nous avons enfin traité ce qui est, pour moi, le gros point noir de cette version française. Le redoublage des épisodes 15 à 31 est extrêmement moyen, la faute à une adaptation fade et sans grand génie, un manque de temps et de préparation criant, et certains comédiens qui n’arrivent plus à retrouver le bon timbre qui rendait leur interprétation si appréciable. On retrouve ici une grande partie des défauts typiques de recherche de qualité qu’avait les doublages de la société de doublage dans laquelle a eu lieu ce redoublage, à savoir la S.O.F.I. C’est dommage, vraiment dommage de voir ça, Cat’s Eye, comme Lady Oscar qui a eu droit également à un redoublage partiel de quelques épisodes, méritaient tous les deux beaucoup mieux.
CONCLUSION
Voilà donc pour ce dossier sur la VF de Cat’s Eye. La version française de cette série mérite largement, selon moi, l’excellente réputation qu’elle a eue, si l’on excepte encore une fois le redoublage et quelques imperfections qui peuvent être excusables. Les textes sont excellemment bons, la direction artistique est parfaite et tous les comédiens sont à fond dans leur rôle. Bref, tout est réuni à ce moment-là pour faire un excellent doublage et le résultat est à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre. Cela nous montre bien que le problème du doublage d’animé à la fin des années 80 jusqu’au début des années 2000 n’est pas tant une question d’époque qui expliquerait le défaut d’un doublage, même si le manque de connaissance sur la culture japonaise n’a pas aidé, mais bel et bien un souci dû à un manque de professionnalisme à tous les niveaux qui a tiré les versions françaises d’animés japonais vers le bas, le snobisme et le mépris pour ces « japoniaiseries » n’ayant pas forcément aidé à cela, couplés à une cadence de doublage beaucoup trop élevé, au détriment, indubitablement, de la qualité. C’est en ne tombant pas dans ces pièges que Dovidis, les adaptateurs de la série, et Frédéric Girard, a pu produire un tel doublage qui a pu convaincre beaucoup de monde, notamment les téléspectateurs qui ont pu suivre cette série à l’époque comme aujourd’hui. La VF de Cat’s Eye est excellente, regardez-là sans hésitation, et pour ce qui est du redoublage, nous ne pouvons que croiser les doigts pour qu’une entreprise propose de nouveau le doublage d’origine des épisodes redoublés, afin que tout le monde puisse apprécier au mieux ce doublage comme il se doit. Et c’est sur ces belles paroles que je vous laisse. Encore une fois, je ne peux que remercier Gib' d’Animeguides, ainsi que Matoumalin pour leur aide concernant les informations en rapport avec le redoublage où l’on ne savait que très peu de choses au final à son propos. Je vous remercie tous pour votre soutien, et je vous rappelle que le mois prochain sort mon article bibliographique qui détaillera toutes les sources utilisées pour les articles comme celui-ci par exemple. Sur ce, bonne journée ou bonne soirée, tout dépend de l’heure où vous lisez cette critique, et à la prochaine fois pour ce que j’ai dit auparavant, mais aussi une petite surprise maison garantie sans placement de produit pour des illustrations d’Akio Sugino.
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